20 Nov 2013



Ce texte a été ecrit dans le cadre d'unie initiative de Christophe Vogel qui reunis et publie des essais sur pa paix au Congo.


Amani Itakuya #18: La paix…


Posted by ethuin on November 20, 2013


La paix…

Soraya Aziz Souleymane



J’ai 32 ans et je me demande ce que ce mot signifie vraiment.

A 9 ans j’ai vu la paix se désintégrer sous mes yeux. Le Président Mobutu pleurait en direct à la télévision Nationale en décrétant le multipartisme au Zaïre. Ceci faisait suite à une série de manifestations (assez passionnées) organisées par Tshisekedi. A 13 ans je voyais le génocide Rwandais prendre place d’abord au Rwanda, ensuite au Congo, les FDLR, la guerre de l’AFDL, les vagues successives RCD, CNDP, M23, sans compter tout les opportunistes (Mudundu 40, groupes Mai Mai, les bandits à mains armées, les FARDC, la PNC, l’ANR… ). Je me demande si j’ai déjà vraiment expérimentée la paix au Sud-Kivu.

Si moi, vivant en milieu urbain ai des doutes, que dire de mes sœurs et frères en milieu rural? Si moi à mon âge n’ai qu’un vague souvenir, quels sont les souvenirs de la génération après moi? Quelle paix pour ma fille Latifah qui n’a que 8 ans? A quelle paix aspirons-nous si nous ne l’avons jamais expérimentée? Pourrons-nous jamais reconstruire un Congo en paix?

Ma réponse, sans hésitation, est oui. Même sans jamais l’avoir connue, tout humain est capable de reconnaitre la paix, la vraie paix, quand elle arrive. Bien que la paix ne soit pas seulement l’absence de conflit armé, elle commence par là. Les armes doivent se taire. Et pour que les armes se taisent nous devons parler plus fort qu’elles. La prolifération des initiatives nationales et internationales en faveur de la paix, unies entre elles par divers moyens technologiques, la détermination de mes compatriotes au Congo et dans la diaspora à dénoncer les affres de la guerre et les sanctions internationales qui s’en suivent sont autant de signes encourageant.

Les défis existent et nous devons les identifier et les surmonter ensemble. J’entend souvent parler du « manque de volonté politique » mais ceci est un faut prétexte. Ce manque de volonté se traduit autrement par « ce n’est pas une priorité pour le moment ». Ceci ne veut pas dire que les politiciens n’ont pas les ressources, ca veut simplement dire que ces ressources sont utilisées à d’autres fins. Nous devons donc leur dire, les instruire, les ordonner, d’utiliser nos ressources pour nos priorités a nous, pas les leurs. Ces politiciens sont nos employés. Nous devons les amener à surmonter les défis qui nous séparent d’un Congo en paix.

Le premier obstacle réel est le manque d’une armée qui jouerait un rôle dissuasif. Une armée qui ne joue que son rôle défensif expose la population. Il faut donc reformer l’armée. Pour que ceci devienne une réalité il faut des ressources. Nous devons donc pousser dans ce sens et nous assurer que nos parlementaires n’adoptent plus aucun budget qui n’aurait pas cet objectif en priorité. Nous devons aussi converger ; les efforts des « partenaires » internationaux dans ce sens. Pas ver une brigade paternaliste ou une mission Onusienne inefficace dans le domaine de la défense. Non! Une armée Congolaise digne de ce nom, qui ferait réfléchir deux fois tout aspirant rebelle.

Le deuxième obstacle est la xénophobie qui nous distrait. Je sais que nous aspirons tous à un Congo stable et prospère qui profiterais d’abord aux congolais mais aussi a l’ensemble de la sous région. Toute personne qui partage cet avis devrait être inclus dans les efforts de restauration de la paix. C’est aussi simple que ça. Certains de nos voisins sont si négativement impliqués dans le conflit qu’il serait utopique de penser pouvoir traiter avec eux avant qu’ils ne reconnaissent leur tors et ne se comportent mieux, mais nous avons 9 voisins et sur les 9 seulement deux sont encore activement impliqués dans le conflit. Le Congo, surtout la partie est, est complètement bloquée (landlocked) et nous dépendons de nos voisins pour accéder aux ports internationaux et assurer notre survie. Pourquoi ne pas considérer nos « bons voisins » et commencer par la?

Le troisième obstacle est le manque d’une diplomatie continué et cohérente. Nous devons toutes et nous nous montrer ambassadeurs du Congo, partout ou nous nous trouvons, et parler du problème congolais aux personnes qui peuvent influencer la situation pour le mieux. Il ne suffit pas de condamner les US et UK pour leur soutien au Rwanda, il faut contacter les Rwandais qui déjà dénoncent leur gouvernement et s’allier avec eux. Il faut contacter les Américains et les Anglais qui dénoncent leurs gouvernements et s’allier avec eux. Il faut aussi, en interne, dénoncer les Congolais qui participent a la guerre par leurs activités politiques, économiques, militaires, diplomatiques ou propagandistes.

Enfin le dernier obstacle à surmonter c’est la pauvreté. Elle nous déshabille de notre dignité et nous pousse à des extrêmes. Nous vendons nos vies, notre futur et notre paix pour des cacahuètes. Nous devons des maintenant penser à des alternatives économiques plus grandes que l’artisanat minier ou la carrière militaire véreuse. Nous devons penser en termes d’industries et de manufactures. Nous devons nous éduquer dans ce sens et commencer des maintenant à forger des partenariats utiles. Je ne pense pas que le Congo se développera par des ONG. Celles-ci se focalisent sur les victimes, les sinistrés et les marginalisés. Bien que ceux-ci méritent toute l’attention qu’ils ont, ils ne représentent pas le Congo. Nous sommes des femmes et des hommes forts, habiles, instruits, entreprenants et optimistes. C’est ca l’image du Congo que nous dévons promouvoir, et nous devons travailler dur pour que nous puissions aider nos compatriotes nous mêmes, à travers des mécanismes internes.

Amani Itakuya, la paix viendra, mais nous devons aller la chercher. Nous dévons nous préparer à l’accueillir. La paix ne viendra que si nous créons nous mêmes les conditions propices du retour à la paix. Amani Itakuya, niko na imani. (Peace will come, I believe)



Soraya Aziz Souleymane est une spécialiste du développement œuvrant dans la mitigation de l’impact social de projets industriels à grande échelle. Elle était Miss Leadership RDC 2011 et 2012.

6 Nov 2013

Intégration forcée ou développent transfrontalier?

Le M23, a été mis hors d’état de nuire par les FARDC. Plusieurs facteurs expliquent cette agréable surprise : Le changement à la tête du Commandement des FARDC, le soutient populaire aux actions des FARDC, la présence et le soutien de la Brigade de l’ONU, mais aussi des causes diplomatiques telle que la pression des congolais sur les dirigeants Américains et Britanniques, leur demandant d’imposer des sanctions au Rwanda, et de faire peser des menaces au cas où ils interviendraient pour renforcer les M23, comme ils en avaient pris l’habitude. Ces éléments mis ensemble ont garanti le succès des opérations des FARDC contre le m23.


Les canons sentent encore la poudre que déjà les “experts en DRC” parlent d’intégration économique. Certains assurent que la taille du Congo est telle qu’il serait « absurde » de ne pas intégrer le Kivu au sein de l’East African Community (EAC) avec Le Rwanda et l’Uganda. Il est pertinent de souligner au passage que l’implication de ces deux pays dans la guerre au Congo est un fait établit. Quelles incentives les Etats Unis font-ils miroiter au Rwanda pour soutenir les efforts de paix ? Plusieurs « spécialistes de la guerre au Congo » ont récemment proposé l’intégration économique, et certains ont carrément pointé ver l’intégration du Kivu au sein de l’EAC (dénoncée par quelques Congolais comme étant une balkanisation économique). Depuis les accords d’Adis Abeba, l’implication du Rwanda au sein de cette communauté a connu un zèle sans précèdent, positionnant le pays parmi les décideurs principaux. Au sein de l’EAC le Rwanda, l’Uganda et le Kenya font partie de « la coalition des enthousiastes », dont la Tanzanie et le Burundi se trouvent exclus.


Récemment, pour des raison différentes et parfois de querelle personnelles entre leaders, les relations diplomatiques entre le Rwanda et la Tanzanie d’une part, et le Rwanda et l’Afrique du Sud d’autre part se sont détériorée. Pendant ce temps, les trois Etats ayant contribué a la Brigade d’intervention de l’ONU (FIB) sont le Malawi, l’Afrique du Sud et la Tanzanie, tous trois membres actifs de la Southern Africa Development Community (SADC) dont le Congo fait egalement partie. Cette communauté a joué un rôle diplomatique important, en compétition avec la CIRGL. C’est vers une plus grande implication de la RDC au sein de cette communauté que la Tanzanie et l’Afrique du sud poussent.

Ces deux communautés (EAC d’un cote et SADC de l’autre) tirent chacune la couverture de leur côté espérant ainsi devenir des partenaires de taille dans l’économie Congolaise. Cependant, la situation au Congo n’est pas si simple. Une quelconque intégration devrait être soigneusement analysée avant d’être adoptée. Toute intégration visant à compenser ou à récompenser l’implication d’un pays dans la guerre au Congo serait une invitation à la surenchère. D’aucun pensent donc que ni la Tanzanie ni le Rwanda ne devraient définir les préférences de partenariat en lieu et place des Congolais.

La situation fragile des provinces du Nord et Sud Kivu demande de sérieux efforts de consolidation de la paix. En même temps que la mise en place d’une justice transitionnelle pour mettre fin à l’impunité dans la sous-région, il est important que le gouvernement Congolais se focalise au rétablissement de l’autorité étatique sur l’ensemble du territoire national avec un focus particulier sur les zones récemment « libérées ». Les différences entre les pays de la sous-région et la RDC en termes de sécurité, PIB, de capacité étatique, de richesses naturelles et d’emplacement géographiques sont telles qu’aucune intégration dans ces conditions ne saurait bénéficier aux Congolais.

L’intégration économique avec comme objectif a long terme la suppression des frontieres pour faciliter la libre circulation des biens et des personnes, un gouvernement et une monaie unique, n’est souvent possible qu’entre pays de niveau similaire en développent humain, économies et de potentiel semblable en ressource naturelle. Cependant, certains mécanismes existent pour faciliter l’intégration des pays aux potentiels différents. Ceux-ci préconisent généralement que les pays les moins lotis naturellement développent des capacités de infrastructures de valeur ajoutée et une main d’ouvre spécialisée et compétitive. De l’autre côté, les pays aux ressources abondantes doivent se focaliser sur leurs gouvernance, leurs système de collecte des taxes, leurs sécurité et leurs développent humain. La mise en place des conditions propices permettant une intégration réaliste prendra encore quelques années. Inutile donc aux « puissances Etrangères » et à leurs flatteurs de pousser le Congo dans cette direction. En attendant, je propose une alternative à l’intégration économique : Le développent des infrastructures transfrontalières.

Avec un pareil developpement chaque Etat garde l'etanchté de ses frontieres, percoit les taxes douaniere et visas, mais a la liberté de decider quel traité adopter ou rejeter sans se voir dire qu'il "manque d'enthousiasme". Puisque les provinces de l’Est du Congo sont territorialement verrouillées (land locked), il est important d’ouvrir le Katanga et le Sud Kivu aux ports de Mombasa et Dar Es Saalam. Un exemple de cette ouverture serait via les routes et chemins de fer Kenyans, Ougandais et Rwandais, et/ou Dar Es Salam via les routes et chemins de fer Tanzaniens, Burundais et Congolais, et leurs ports de Kigoma, Uvira et Kalemie (cet exemple totalement fortuit ne vise pas à séparer sciemment « les enthousiastes » des autres pays) En plus de ces efforts sous régionaux, chacun des pays devra développer ses infrastructures de transport au niveau interne. Le Congo reliera par exemple la province du Maniema au port de Kalemie ou d’Uvira. Le port fluvial de Kisangani pourrait être relié par route à la ville frontalière d’Aru etc.

Plusieurs pays de la sous-région souffrent du manque d’électricité. Ceci limite leur capacité à accueillir des industries qui pourraient générer de l’emploi. Il y a pourtant un fort potentiel humain et hydroélectrique qui pourrait être soit à cheval entre deux ou plusieurs frontières (Ruzizi) ou être dans un pays avec possibilité cette consommation dans un autre pays (le Grand Inga etc servant les industries minieres de la SADC). Ce sont là certains exemples de la création des infrastructures transfrontalières.
L’avantage qu’a cette deuxième option sur la première est qu’elle permet constructivement de gagner le temps nécessaire pour une remise à niveau, et potentiellement pour un changement de leadership dans certains pays de la sous-région.

29 Oct 2013

Concertations Nationales 2/6: Reponse du CVD au discours du President Kabila


Ce discours pronnoncé par Monsieur* Jean Bertrand EWANGA ISEWANGA IWOKA au nom de la Coalison pour un vrai dialogue (coalision regoupant plusieurs partis de l'opposition) est disponible sur le site de Monsieur Vital Kamerhe (www.Vital-Kamerhe.com. Je le reprend ici comma la deuxieme partie a mon analyse du discours du President Kabila a la nation dans la mesure ou il contient plusieurs critiques pertinentes par rapport au gouvernement actuel et la creation d'un gouvernement d'union nationale. L'anticonstitutionalité y est soulignee ainsi que plusieurs autres violations majeurs des lois du pays.
Certaines critiques se basent sur ce que les auteurs ont etablis comme intentions du President Kabila et a ce titre ne m'engagent pas.
Dans mon article suivant je vais parler de la lutte contre la corruption et de la nomination de ce conseiller dont le President parle. Je vais decrire ce qui est fait ailleur, demontrer l'inneficaté de cette nomination, et proposer des pistes de solution plus realistes.


COALITION POUR LE VRAI DIALOGUE
EN RD. CONGO
Synergie des Forces socio-politiques

CONFÉRENCE DE PRESSE DE LA CVD EN RÉACTION AU
DISCOURS DU PRÉSIDENT KABILA DU 23 OCTOBRE 2013

Mesdames et Messieurs de la Presse,
La Coalition pour le Vrai Dialogue, CVD en sigle, véritable synergie des forces sociopolitiques congolaises, vous remercie pour avoir répondu à son invitation, à l’occasion de cette conférence de presse, au cours de laquelle elle entend communiquer sa réaction au discours du Président KABILA de ce mercredi 23 octobre 2013.
Il vous souviendra, en effet, qu’à l’issue des concertations nationales initiées et tenues conformément à la seule volonté de Monsieur KABILA, un rapport final comprenant 679 résolutions avait été rendu public. Ce rapport élaboré par les partisans de Monsieur KABILA avait conclu à l’échec de ce dernier dans tous les domaines de la vie et de la gestion de l’Etat durant ses 12 ans de pouvoir. Par une déclaration lue en son temps, la CVD qui avait pris acte du constat d’échec fait par les concertateurs, attendait le discours promis par Monsieur KABILA et dans lequel il devrait annoncer des décisions courageuses. Convaincue que Monsieur KABILA n’avait plus rien à donner et à entreprendre en faveur du peuple congolais, la CVD ne s’était pas laissée abusée car, rien de bon ne pouvait sortir de sa bouche, tant sa détermination est de laisser, après lui, un Congo exsangue, sonné et désuni, avec une population paupérisée à l’extrême.

Après avoir suivi Monsieur KABILA devant les deux Chambres du Parlement réunies en Congrès, je signale en passant que les Députés de la CVD n’y ont pas pris part, les appréhensions de la CVD se sont confortées et confirmées. Nous tenons à féliciter nos vaillants députés qui ont choisi contre vents et marrées à défendre les valeurs républicaines et l’intérêt général de la nation.

Mesdames et Messieurs de la Presse,
Monsieur KABILA n’a fait que prendre acte du bilan de son échec établi par ses propres concertateurs. Il a reconnu notamment :

1. L’échec des négociations de Kampala et donc la poursuite de la guerre à l’Est.
Au moment où nous parlons, la guerre fait de nouveau rage à l’Est du pays sans que Monsieur KABILA ne se soit prononcé sur nos rapports avec les pays agresseurs qui avaient été nommément cités dans tous les rapports de la MONUSCO et des ONGs indépendantes ainsi que par ses Ministres notamment celui des Affaires Etrangères et de la Communication.
Le peuple attendait de Monsieur KABILA de clarifier ce point avec courage en désignant le chat par son nom, et en tirant toutes les conséquences. Que non ! C’est donc la poursuite des massacres, viols, pillages des ressources et autres déplacements massifs des populations. C’est aussi la perte du contrôle d’une partie du territoire national (Rutshuru et Nyragongo
au Nord-Kivu et l’Ituri dans la Province Orientale) à cause de sa politique empreinte de faiblesse.
Alors qu’avant de prendre ses fonctions, il a prêté le serment ci-après devant la Cour Suprême de Justice : « Moi, Monsieur Joseph KABILA, élu Président de la République Démocratique du Congo, je jure solennellement devant Dieu et la Nation :
- d’observer et de défendre la Constitution et les lois de la République ;
- de maintenir son indépendance et l’intégrité de son territoire ;
- de sauvegarder l’unité nationale ;
- de ne me laisser guider que par l’intérêt général et le respect des droits de la personne humaine ;
- de consacrer toutes mes forces à la promotion du bien commun et de la paix ;
- de remplir loyalement et en fidèle serviteur du peuple, les hautes fonctions qui me sont confiée»

Il va de soi que logiquement Monsieur Joseph KABILA doit tirer les conséquences de son échec cuisant et s’impliquer à l’organisation du Vrai Dialogue, conformément à l’esprit et à la lettre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et de la Résolution 2098 du Conseil des Sécurité des Nations Unies.
Eu égard à ce qui précède, la CVD lance un appel patriotique à nos vaillants éléments des FARDC qu’elle soutient du reste sans réserve, à défendre coûte que coûte la patrie en repoussant l’ennemi jusque dans ses derniers retranchements.
Elle lance le même appel à l’ensemble du peuple congolais en général et à nos frères et soeurs du Nord-Kivu en particulier, à apporter aux éléments des FARDC tout le soutien nécessaire dont ils ont besoin pour l’accomplissement de cette mission.
C’est le lieu pour la CVD d’inviter la Communauté internationale dans son ensemble à travers la MONUSCO et la Brigade Spéciale d’Intervention à actionner profondément le mandat de cette dernière pour neutraliser toutes les forces négatives qui opèrent impunément à l’Est du pays, en ce compris le M23.
La CVD est convaincue qu’avec son mandat tel que décidé par la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, la Brigade Spéciale d’Intervention, sans interférences nocives de la timidité de la politique et de complicité interne, est capable de terminer sa mission dans un laps de temps court à l’instar de l’opération Serval au Mali, initiée par le Président français, Monsieur François HOLLANDE.
La CVD invite aussi le Gouvernement du Royaume de Belgique à s’assumer et à s’investir dans le retour de la paix en RDC comme l’a fait le Gouvernement français au Mali.

2. L’inadéquation entre la soi-disant amélioration du cadre macroéconomique et le vécu quotidien du citoyen congolais.
En effet, l’amélioration du cadre macro-économique, du reste sur papier, est aujourd’hui la réalisation qui permet à son pouvoir de bomber inutilement la poitrine. Maintenant que Monsieur KABILA lui-même reconnait l’absence d’impact de cette performance hypothétique sur la vie des congolais, alors que reste-t-il à dire ? C’est donc un échec cuisant.
Tenez :
- le taux de pauvreté se situe à plus de 75 % de la population.
- le taux de déperdition scolaire ainsi que celui de mortalité sont des plus forts en Afrique.
- la RDC est le dernier pays au monde sur le plan de l’indice de développement humain.

3. L’affairisme des officiers des FARDC et de la PNC.
En dénonçant ce fléau, Monsieur KABILA a oublié que c’est lui qui est le Commandant Suprême des FARDC et de la Police Nationale Congolaise et que, par ailleurs, c’est encore lui qui doit traduire les officiers véreux et affairistes en justice. Pendant qu’il déplore l’affairisme des officiers, il est le premier à leur accorder sa protection.
En effet, le procès CHEBEYA est truffé de pesanteurs artificielles dont il ne serait pas étranger. Les officiers vendeurs d’armes et munitions de guerre courent la rue sans procès. De même que ceux accusés des viols des femmes. Le procès lorsqu’il y en a tire indéfiniment en longueur sans aucun aboutissement heureux. Souvent Monsieur KABILA recourt à la suspension alors que tout le monde sait que la suspension d’un officier sans poursuites judiciaires n’est pas une sanction.
Sa simple déclaration d’affairisme au sein de l’armée est ni plus ni moins un aveu d’échec, de faiblesse et d’impuissance.
Quelle sanction a-t-il déjà prise à l’encontre des officiers congolais cités dans les rapports des experts des Nations Unies pour le commerce illicite des minerais à l’Est de la RDC, pendant qu’au même moment, leurs homologues du Rwanda avaient été immédiatement jugés et mis aux arrêts par les autorités rwandaises ? En RDC, la règle c’est l’impunité et la justice est un instrument dont Monsieur KABILA se sert pour régler des comptes aux adversaires politiques.

4. Le règne de la corruption, du détournement des deniers publics et de
l’impunité.
Après avoir dénoncé les fléaux de corruption, de détournements des deniers publics et d’impunité, tout ce que le Président KABILA a trouvé à dire, c’est de nommer un Conseiller Spécial du Chef d’Etat pour s’en occuper. Voilà ce qui explique que la RDC soit classée soit classée 1° pays le plus corrompu du monde ! Quelle honte ? Et c’est sous le règne de qui ? C’est de la poudre aux yeux car, où se trouve Monsieur KABILA pendant que nos concession minières sont bradées à vil prix par le Gouvernement de la République pour être revendues aussitôt à des prix mirobolants, souvent multipliés par 100 par rapport au prix d’achat et rapportant des sommes faramineuses qui échappent totalement au Trésor public, ne serait-ce qu’en termes de
fiscalité. Voilà qui explique en partie la fameuse amélioration du cadre macro-économique qui si jamais il y avait transparence, devrait avoir un impact réel sur le vécu des citoyens.
Il faut arrêter de tromper les congolais. Un Conseiller Spécial pour s’occuper de la corruption, des détournements des deniers publics et de l’impunité, mais où est passé le Procureur Général
de la République ? Qui le bloque ? Est-ce la loi ou les hommes forts ayant un intérêt ? A part les arrestations des politiciens de l’opposition, des hommes et femmes de la presse tenant un discours différent de celui du pouvoir, des activistes des droits de l’homme, le PGR arrête encore qui dans ce pays ? Que fait-il des étrangers connus de tout le monde et dont la profession est de piller constamment nos richesses ? Je vous renvoie, à cet égard, aux rapports de Global Wittness et de l’ancien Secrétaire Général des Nations Unies, Monsieur Koffi ANNAN.
En effet dans ce dernier rapport, sans risque d’être contredit, Monsieur Koffi ANNAN et son équipe affirment que sur quelques contrats examinés, la République Démocratique du Congo a perdu plus de 1 milliard 360 millions de dollars américains sans qu’une enquête ne soit diligentée par son Gouvernement.

Mesdames et Messieurs de la Presse,
Le pays va mal. Et Monsieur KABILA, principal responsable de cette situation, ne le sait que trop bien. C’est pourquoi il l’a reconnu sans ambages dans son discours où il a fait siennes toutes les résolutions de ses propres concertateurs. Prisonnier de ses courtisans qui du reste sont les premiers bénéficiaires de la situation de non Etat créée par lui, Monsieur KABILA cherche du sang nouveau pour sa Majorité en perdition, en proclamant la mise en place d’un gouvernement de cohésion nationale.
Pour la CVD et sans nul doute, « les mêmes causes produisant les mêmes effets », il n’y a rien à attendre d’un tel gouvernement mis en place pour masquer ou, à tout le moins, chercher avec qui partager l’acuité et la gravité de son échec. C’est l’image d’un véhicule sans moteur qui n’ira nulle part malgré le changement de chauffeur, comme le disait YA MUNGUL de célèbre mémoire !
La CVD dit clairement ne pas être partie prenante à ce gouvernement. Elle en reste à l’écart et continue à évoluer dans l’opposition. Aussi curieux et alambiqué que cela puisse paraitre, Monsieur KABILA annonce, dans un même discours, la mise en place d’un Gouvernement de cohésion nationale et celle d’un Comité national de suivi des résolutions des concertations
nationales. Et, c’est à se demander si le Gouvernement issu des concertations nationales ferait autre chose que la mise en oeuvre et le suivi de l’exécution des résolutions du forum qu’il l’a nécessité.
Au fait, que veut dire « suivi des résolutions des concertations nationales » ? Si c’est leur exécution, alors le Gouvernement suffit ; si par contre c’est leur contrôle, il y aurait chevauchement avec l’Assemblée nationale qui a la mission constitutionnelle de contrôler l’Exécutif. C’est de la pure confusion traduisant le flou qu’il y a dans l’esprit de Monsieur KABILA. Bref, c’est l’absence de vision claire qui condamne le pays à une mort certaine.

Mesdames et Messieurs de la Presse,
On ne le dira jamais assez, le discours de Monsieur KABILA est un flou artistique qui malheureusement cache mal l’intention première de son auteur : conduire la RDC dans un chaos pour se maintenir au pouvoir.
En effet, dans un même texte, Monsieur KABILA donne la succession des scrutins qui partirait de celles locales, municipales, urbaines, provinciales et sénatoriales ; il suggère en même temps les élections provinciales au scrutin indirect ; il annonce aussi le principe du recensement avant les élections ainsi que la nécessité d’organiser très rapidement les élections provinciales pour remplacer les assemblées provinciales et le Sénat actuel dépourvus de légitimité. Allez-y comprendre quelque chose !
C’est un flou savamment entretenu dans les buts de conduire tout le monde à la révision de la Constitution et de prolonger tous les mandats de 2011 à l’instar de ceux des Assemblées provinciales et du Sénat élus en 2006-2007 ou encore contourner astucieusement l’article 220 de la Constitution en instaurant une transition politique qui va remettre les compteurs à zéro et arriver en 2020 sans organiser les élections.
C’est inqualifiable pour un Président de la République de chercher à faire élire les députés provinciaux au scrutin indirect. Que devient alors le régionalisme constitutionnel adopté par le peuple au référendum de décembre 2005 ? La décentralisation est un principe fondamental de l’organisation du pouvoir et de l’administration de notre pays. Comment penser dès lors que les députés provinciaux soient sans attaches directes avec la population qu’ils sont sensés
représenter ? Tout pouvait sortir de la bouche du Président de la République sauf une telle idée. A la vérité Monsieur KABILA veut nous ramener, après avoir obtenu la modification de la Constitution, à un Etat unitaire centralisé où il se mettrait à acheter, à coup d’argent, les députés provinciaux pour se ménager une majorité parlementaire dans toutes les provinces. La CVD tire la sonnette d’alarme et invite le peuple congolais à protéger sa Constitution jusqu’à ce que Monsieur KABILA quitte le pouvoir en 2016.
Au lieu du scrutin indirect comme le suggère Monsieur KABILA, la CVD se prononce, par rapport à la réforme de la loi électorale, pour le scrutin au suffrage universel direct tant pour les députés provinciaux, les sénateurs que pour les gouverneurs des provinces. Ceci pour donner à tous les élus une base de légitimité suffisante et éviter que des personnes viennent siéger dans les
institutions à la faveur de l’âge, après avoir recueilli une seule voix ou après avoir acheté, à coup des billets des dollars, un nombre bien calculé des voix.

La CVD est pour le maintien de la proportionnelle qui garantit la représentation d’un plus grand nombre et s’engage à oeuvrer avec les autres forces politiques et sociales pour qu’il en soit ainsi. La CVD réitère sa position en matière électorale, laquelle consiste à poursuivre le cycle commencé en 2011 par l’organisation et la tenue des élections provinciales et sénatoriales ainsi que celles des gouverneurs des provinces dans le courant de 2014, avant de finir par les autres élections. Enfin et sous ce même registre des élections, la CVD affirme que le mandat de Monsieur Joseph KABILA se terminera le 19 décembre 2016. L’élection présidentielle pour sa succession sera organisée 90 jours avant cette échéance, conformément à la Constitution. La CVD invite le peuple congolais à y veiller de manière particulière et le cas échéant, à faire application de l’article 64 de la Constitution.

Mesdames et Messieurs de la Presse,
La CVD a été très amusée d’entendre Monsieur KABILA, dans son discours, dire et répéter qu’il « enjoint aux institutions » (Sic !). Mais dans quel Etat sommes-nous finalement ? Un Etat où le Président de la République peut enjoindre au Parlement et au pouvoir judiciaire ? Notre pays s’appelle-t-il encore République Démocratique du Congo ou que Monsieur KABILA lui a changé de dénomination à l’insu de tout le monde.
Le moins que l’on puisse en déduire est que Monsieur KABILA n’est pas un démocrate. C’est un dictateur qui se cache mal derrière un semblant de démocratie. C’est pourquoi et comme pour se moquer du Sénateur Jean Pierre BEMBA, il affirme sans ambages enjoindre à son gouvernement de s’occuper de son cas, sans dire s’il s’agit de prendre en charge les frais de sa défense ou s’il s’agit de négocier quoi que ce soit avec la Cour Pénale Internationale ? Dans cette dernière hypothèse, que fait-il de l’indépendance de la Cour Pénale Internationale ? Nous aurions voulu le voir préciser sa pensée pour lever toute équivoque car, il n’est pas bon de faire espérer quelqu’un d’une mission impossible. Les promesses en politique n’engagent malheureusement que ceux qui les entendent et non ceux qui les font, dit-on. La CVD n’est pas dupe à ce point car, il s’agit d’une simple affirmation de charme.

La CVD l’a entendu dire aussi qu’il avait signé, le matin du jour de son discours, une ordonnance portant mesure collective de grâce. A la publication, par la presse, de cette ordonnance intitulée abusivement et pompeusement comme portant mesure collective de grâce, il n’en était rien. Il s’est agit plutôt d’une ordonnance portant remise des peines et non mesure collective de grâce. Les collègues qui ont cru naïvement en Monsieur KABILA n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Ils apprennent ainsi à connaître l’homme et son jeu peu sincère. Si le premier acte posé par Monsieur KABILA n’est pas conforme à la volonté des concertateurs, que dire alors de la suite, surtout que lui-même vient d’en rajouter avec notamment les élections indirectes des députés provinciaux.

Enfin, la CVD prend acte de la recomposition de la scène politique congolaise composée désormais d’une majorité présidentielle requalifiée (Mpr) dont le programme commun est constitué par les 679 résolutions issues des concertations nationales et l’opposition constituée des partis politiques qui n’ont pas pris part à ces assises en même temps qui n’adhèrent et ne soutiennent pas le programme de la nouvelle majorité. Car, selon la loi portant statut de l’opposition, on ne peut pas à la fois faire partie d’un gouvernement ou soutenir son programme d’une part et d’autre part appartenir à l’opposition. Les choses sont donc bien claires.

Mesdames et Messieurs de la Presse,
Avant de clore mon propos, je voudrais fixer les idées sur l’essentiel du message de la CVD :
1. Les concertations nationales ont eu pour seul mérite de dire haut et fort que le bilan de 12 ans de la gestion du pays par Kabila est négatif. Ce dernier a échoué sur toute la ligne ;
2. Les concertations nationales elles-mêmes, par rapport à son double objet principal, à savoir la cohésion nationale et la fin de la guerre, sont aussi un échec car à leur issues, il n’y a eu ni cohésion nationale, ni fin de la guerre à l’Est, ravivée par elles ;
3. La CVD invite instamment Monsieur Joseph KABILA et sa majorité présidentielle requalifiée à s’impliquer dans le Vrai Dialogue tel que prévu par l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et la Résolution 2098 du Conseil Sécurité des Nations Unies, avant qu’il soit trop tard ;
4. La CVD invite le peuple congolais a constaté avec lui que Monsieur Joseph KABILA offre un flou artistique ; il n’a pas de vision claire pour le Congo, sinon que se maintenir au pouvoir pour le pouvoir et par la force. Il conduit le pays à une dérive certaine ;
5. La CVD invite encore le peuple congolais à se lever comme un seul homme pour défendre la patrie en danger. A cet égard, elle demande de donner à nos FARDC tous les soutiens nécessaires pour bouter les ennemis hors du territoire national ;
6. Enfin, la CVD demande à la Communauté Internationale, particulièrement à la Brigade spéciale de la Monusco et au Royaume de Belgique de s’impliquer sans atermoiement dans la lutte pour la libération du Congo à l’instar de ce que les Français ont fait au Mali, à l’Ituri et s’apprête à le faire en République Centrafricaine.

Mesdames et Messieurs de la Presse,
La CVD vient de vous communiquer l’essentiel de sa réaction au discours de Monsieur KABILA de ce mercredi 23 octobre 2013. Elle vous rassure qu’elle n’a pas vidé la matière, si bien qu’elle se réserve le droit d’y revenir à tout moment pour parfaire l’exercice. A ce stade, nous pouvons nous contenter de ce qui vient d’être dit.
Je vous remercie et me tiens, avec mes collègues ici devant, à votre disposition pour répondre à vos questions éventuelles.

Fait à Kinshasa, le 26 octobre 2013.

POUR LA COALITION POUR LE VRAI DIALOGUE
Honorable Jean Bertrand EWANGA ISEWANGA IWOKA

*Desormais j'appelerais les "honnorable" et les "excellences" par leurs nom, en les precedent d'un polit "monsieur". Les seuls honorables seront les personnes qui se comportent honoablement, et les seulles excellences seront celles qui se distinguent par leurs devouement et efficacité. N'en deplaise aux membres du parlement et du gouvernement. Soraya

25 Oct 2013

Concertations Nationales 1/6 : Le discours de Kabila au Senat


On a beaucoup entendu parler des concertations Nationales en RDC, avant, pendant et après leur tenue. On savait déjà quelles étaient les conclusions de ces concertations avant, pendant et après leur tenue. Quelques modifications par-ci par-là mais en gros c’est bien ce qu’on savait qui serait qui est.

So discours parle de la création d’un gouvernement d’union nationale, de la poursuite du processus électoral et du maintien des institutions provinciales actuelles jusqu’à leur tenue. Il parle aussi de compléter l’arsenal juridique en matière de décentralisation, de la lutte contre la corruption (il entend nommer un conseiller principal en la matière). Il touche légèrement aux questions de protection sociale, de rapatriement des dépouilles mortelles d’anciens dirigeants et de l’ordonnance de grâce présidentielle.

Puisque la matière couverte est assez large et que nos compatriotes ont pris plus d’un mois à en débattre, je pense ne pas pouvoir tout couvrir dans un article unique. Je me propose d’écrire un ou deux articles la semaine, couvrant chacun un aspect de ce discours. Je vais nommer la série « Soraya et les Concertations Nationales de 2013 ». Je ne veux pas être de mauvaise augure, mais je trouve prudent de d’identifier ces concertations-ci pour qu’elles ne soient pas confondues avec d’autres concertations qui pourraient venir. Aujourd’hui je donne une impression d’ensemble avant d’entrer dans le vif du sujet, point par point.

1. D’abord je tiens à souligner que j’ai toujours soutenu l’idée des concertations puisque c’est une démarche normale dans une situation de contestation des résultats électoraux (voir le point un du paragraphe "what to do" de cet article) mais je me suis inscrite en faux dès le mois d’avril 2013 quand il m’est apparu que ces concertations n’étaient pas nationales mais une sorte de caucus de la majorité présidentielle avec quelques invités de la société civile. Des concertations sans garanties réelles permettant à l’opposition civile et armée, et à toute une panoplie de parties prenantes de participer ouvertement et librement aux échanges, ne peuvent être qualifiées de nationales.

2. Ensuite je me pose la question sur la place des recommandations nationales vis-à-vis de la constitution et des lois existantes de notre pays. Pourquoi certaines recommandations des concertations sont anti constitutionnelles et restent adoptées par les plénières ? Quels intérêts visent-elles si elles ne s’alignent pas à la loi suprême votée à 80% par referendum ?

3. Ceci m’amène au troisième point : quelle est la légitimité de ces assises ? au nom de quoi une poignée d’individu convoqués par invitation, peuvent-ils décider pour tout un peuple, en marge des institutions établies ? Si la légitimité de ces institutions est remise en question alors la légitimité de Kabila lui-même en tant que Président est à remettre en question.

4. Je me pose aussi la question de l’ordre du jour. J’étais à Kinshasa en début Septembre et je sais que l’ordre du jour ainsi que les thématiques développées étaient préétablis. Qui a établi l’ordre du jour ? On sait tous que celui qui décide de l’ordre du jour contrôle les résultats.

5. Ceci est mon introduction à la série qui va suivre, je reviendrais souvent sur ces questions et à la fin de la série je ferais une synthèse d’ensemble. Le premier point de la série sera la critique analytique de l’idée d’un gouvernement d’union nationale. C’est une idée folle et absurde. Je vous dirais pourquoi.

23 Oct 2013

Que doit-on attendre de la brillante présentation de Matata Ponyo au Chicago Council on Global Affairs?


En date du le 9 octobre 2013 a l’occasion du 9ème Forum Bisannuel ‘US-Africa Business Summit’ tenu à Chicago, le Premier Ministre Congolais (RDC) Mr. Matata Ponyo a présenté au ‘Corporate Council on Africa’ un portrait Congolais très diffèrent de l’image que la plupart des investisseurs Américains se font du Congo. Cette image a probablement agréablement surpris l’audience, a ravi les Congolais et a apporté une note positive sur l’actualité du pays. Mais que peut ont vraiment attendre de ce discours ?

Je pense que le Premier Ministre a préparé un puissant discours médiatique, mais pour une audience avisée, ce discours risque de ne pas attirer l’investissement escompté puisqu’il manque certains aspects substantiels importants pour créer la confiance nécessaire au sein des groupes d’investisseurs. Le discours lui-même s’est articulé sur cinq points principaux, à savoir la Sécurité des biens et des personnes (en rapport avec la guerre au sud du Nord Kivu), la gouvernance dans le domaine des ressources naturelles, l’énergie, la sécurité juridique des investisseurs économiques et les améliorations dans le secteur du transport.

Avant de critiquer le contenu du discours, je tiens à préciser que je soutiens les efforts du Gouvernement sous le leadership de son chef, Monsieur Matata Ponyo (et non Monsieur Kabila, je souligne !) mais je reste quelque peu sceptique quant aux attentes qu'il a pretendument suscité chez certains de mes compatriotes que j’estime un peu trop optimistes (cet article et celui-ci sont quelques exemples) . Le climat des affaires ne se construits pas par des discours. Les discours, pour présenter un climat d’affaire attrayant pour les investisseurs étrangers, doivent suivre des réalisations concrètes sur terrain et non pas les précéder. Parler des reformes est une bien bonne chose, mais la plus part de ces réformes ont déjà eu lieu avant le Gouvernement Matata et certaines réformes sont encore en voie d’être finalisées. C’est donc un effet de « déjà vu » plutôt qu’une surprise agréable que ces mots on suscité. Les investisseurs ont besoin d'exemples d'autres investisseurs qui ont reussit au COngo avant de se lancer.

S’agissant des reformes sécuritaires, il parle des accords d’Adis Abeba. Dans ces accords le Gouvernement prend plusieurs engagement mais n’en initie finalement que très peu. L’armée reste une institution prédatrice qui consomme beaucoup et rend très peu service à la nation qu’elle est sensée défendre. La même chose vaut pour les reformes en matière de sécurisation juridique. Plusieurs accords ratifiés mais très peu de mécanisme de mise en œuvre au niveau local.
Le manque de réalisation des engagements pris reste aussi à déplorer en matière de gouvernance. Avec le scandale Getler et les publications de l’EITI, un doute persiste sur la situation réelle de la transparence dans le secteur minier. Un récent rapport indique que seuls 15% des minerais congolais passent par les voies officielles. (Je critique la conférence sur la transparence minière tenue à Lubumbashi en Janvier 2013 dans un article précèdent)Nomer des exemples positifs concrets d'investisseurs industriels Nord Americains operant a l'est du Congo tels Banro et Tenke Fungurume aurait eu un plus grand impact.

Les défis énergétiques sont énormes, il le reconnait, et il brosse une liste des programmes mis en œuvre pour palier a cette carence. Ici au moins les projets nommés sont réels. Il aurait cependant du souligner que le secteur de l’énergie lui-même a récemment été libéralisé et que l’investissement privé est le bien venus. Avec des investisseurs Americains dans la région, tels que Symbion a Kigoma/Tanzanie, les possibilités de partenariat privé-publique dans la distribution de ces services s’ouvrent. . Je déplore aussi qu’il n’ait pas souligné le potentiel qui existe à lier les projets des infrastructures tels que l’énergie (Ruzizi) et le transport (Via le Rwanda et l’Uganda) à la paix et la stabilisation du Kivu. Une inventive dont les 3 pays bénéficieraient bien.

Une avancée réelle dans le domaine des infrastructures est la réouverture des axes nationaux et le balisage des fleuves et des rivières dans leurs parties navigables. Ceci s’aligne parfaitement aux efforts de développement du secteur agricole. Cependant ces infrastructures restent toutes tournées vers Kinshasa et ne sont pas liées aux axes internationaux. Un exemple simple serait la liaison des routées nationales 2 et 5 au port de Kalundu (Uvira/Sud Kivu) qui lui-même serait développé pour accueillir toutes les cargaisons Congolaises du port de Dar Es Saalam. (Solutions que j'explore dans cet article)

Ce discours est un premier pas, et pourrait être considéré comme un premier brouillon nécessitant plusieurs mises à jour avant d’en arriver au document final. Il reste néanmoins le premier brouillon depuis plusieurs décennies et il redonne espoir. On sent une volonté réelle du chef du gouvernement Congolais a réinstaurer les piliers nécessaires au développement durable, basé non pas sur l’aide (que je condamne ici) mais sur les rapports dignifiant des partenariats économiques d’égal a égal. La meilleure façon d’attirer l’investissement étranger reste à mon avis le renforcement et la promotion l’investissement local. Si les opérateurs locaux en arrivent à opérer dans un environnement saint, les opérateurs internationaux le verront, et seulement alors un discours charmeur pourrait les encourager à investir gros au Congo.

Condensé allocution Joseph Kabila devant le Congrès ce 23 octobre




RDC: Joseph Kabila dévoile une série des mesures.

En attendant le script de l’allocution du Chef de l’Etat, voici quelques mesures annoncées par le Chef de l’Etat:
Kabila annonce un gouvernement de cohésion nationale

« Un gouvernement de cohésion nationale sera bientôt mis en place », a annoncé mercredi 23 octobre le président de la RDC, Joseph Kabila qui s’exprimait devant le Congrès composé de deux chambres du parlement : l’Assemblée nationale et le Sénat.

Le chef de l’Etat congolais a dévoilé une série de mesures qui répondent aux recommandations formulées lors des concertations nationales.
Le gouvernement de cohésion nationale qui sera bientôt mis en place sera composé de représentants de la Majorité présidentielle, de l’Opposition politique et de la Société civile, a dit Joseph Kabila Kabange (JKK). Ce gouvernement aura pour mission : rétablir la paix, restaurer l’autorité de l’Etat, consolider l’unité nationale, appuyer le processus de décentralisation et l’organisation des élections et améliorer les conditions sociales des populations.
Il est vrai que la démocratie est symbole du multipartisme mais il est aussi vrai que le besoin de sauver la nation et de renforcer la cohésion nationale nous pousse à nous réunir et à être ensemble. Pour changer la nation, nous devons nous même changer, a soutenu Joseph Kabila.

Dans le domaine électoral.

S’agissant du processus électoral, Joseph Kabila invite la CENI à présenter au Parlement le calendrier électoral et de poursuivre le processus en organisant les élections urbaines, municipales et locales.
Il a par ailleurs invité le législateur à examiner la possibilité, pour les circonscriptions électorales ayant plus au moins trois sièges, de réserver un siège à la seule compétition électorale aux femmes.
En outre, pour crédibiliser les élections à venir les concertateurs ont recommandé le recensement général de la population, a affirmé JKK.
Quant au Sénat et aux Assemblées provinciales actuelles issues des élections de 2006, Joseph Kabila estime, conformément à la Constitution de la République, les maintenir jusqu'à l'installation des institutions semblables issues des élections.
Le Parlement a été invité à mener de réflexion sur le système électoral spécialement en ce qui touche à la proportionnelle.
Quant aux partis politiques, Joseph Kabila les a invités à présenter sur leurs listes de candidats au moins 30% de femmes.

Décentralisation

Au sujet de la décentralisation, Joseph Kabila demande au Parlement de compléter l'arsenal juridique en la matière.
Par ailleurs, Joseph Kabila a annonce la mise en place progressive de nouvelles provinces.

Pourparlers de Kampala

Concernant les pourparlers de Kampala entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23, le chef de l’État congolais a rappelé que « prévues pour quelques semaines, ces discussions durent depuis déjà 10 mois sans perspective immédiate des conclusions ».
« Le gouvernement congolais ne peut pas transiger sur les conditions d’amnistie et de réintégration dans l’armée des récidivistes impénitents », a dit JKK. Toutefois, le Gouvernement reste « ouvert au dialogue ».
Kabila invite les groupes armés à déposer les armes et les Officiers congolais à servir le Drapeau.
Quant aux groupes armés nationaux et étrangers (Y compris le M23, Ndlr) que les Concertations nationales ont recommandé d’éradiquer, Kabila dit « souscrire sans réserve » à cette recommandation.
La quête de la cohésion nationale n'est pas synonyme d'impunité. « Ils doivent déposer les armes et se rendre ou ils y seront contraints par la force ».
Joseph Kabila, tout en reconnaissant la montée en puissance des Forces armées de la RDC, a invité les officiers à ne plus servir deux maîtres : le Drapeau et l’affairisme. « Lorsqu’un officier sert ces deux maîtres, le premier en pâtit », a dit JKK.
Création du Comité de suivi des concertations nationales
Pour assurer le suivi des mesures qu’il a prises à la suite des recommandations des concertations nationales, Joseph Kabila a mis sur pied un « comité national de suivi des concertations nationales ».
Cet organe d’un mandat d’un an, renouvelable autant de fois qu’il le faut, sera placé sous la direction des présidents de deux chambres du Parlement qui ont codirigé les Concertations nationales.

Autres mesures

Joseph Kabila invite les différents responsables des Institutions à déclarer leurs avoirs. Il promet de lutter contre la corruption : je nommerais un conseiller spécial chargé de la corruption qui aura pour mission de faire un monitoring des patrimoines et versements des deniers publics.

Dans le domaine de la protection sociale, Joseph Kabila annonce : désormais les vieillards, les orphelins et les enfants dits sorciers doivent bénéficier d'une protection particulière des autorités tant centrales, provinciales et locales.

Joseph Kabila annonce le rapatriement des dépouilles mortelles de feu Maréchal Mobutu Sese Seko et de l'ancien premier ministre Moïse Tshombe et cela en accord avec leurs familles respectives.
Joseph Kabila a annoncé la signature ce mercredi 23 octobre 2013 de l'ordonnance portant mesure de grâce.

C’était en présence de Son Excellence Denis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo et de Madame Zuma, Présidente de la Commission de l’Union Africaine. Le Rapporteur de la Commission Electorale Nationale Indépendante, Son Excellence Jean-Pierre Kalamba, a représenté l’Institution électorale.

Jean-Baptiste ITIPO
Directeur de Communication
CENI/RDC.

Ce documment est un document publique de Jean-Baptiste ITIPO, Directeur de Communication, CENI/RDC. Je l'ai eu par email. Il va sans dire que cet article ne m'engage pas et que toute question devrait lui etre directement posee.

21 Oct 2013

Bienvenue a @TRCongoDiaspora!


J’ai agréablement reçu la notification Twitter selon laquelle j’étais à présent “suivie” par @TRCongoDiaspora. Un rapide coup d’œil a leur bio m’a informée que c’est le compte officiel de la Table Ronde Annuelle du Gouvernement de la RDC-Diaspora, basé à Bruxelles en Belgique.
Surprise agréable parce que cette initiative est plus que due. Je n’ai jamais eu cesse de répéter que le Gouvernement Congolais devait impérativement et de toute urgence enter en contact avec les Congolais de la Diaspora pour l’intérêt du pays et de ses citoyens, ou qu’ils soient. Cependant j’ai aussi note certaines considérations que je voudrais ici partager.

D’abord l’appellation du compte. Cette appellation suggère que ce compte va twitter uniquement en rapport avec cette table ronde. Mais d’après leur site, (Tableronde_diaspora.org) il semble que l’étendue des activités va bien au-delà de l’évènement lui-même et s’inscrit dans le cadre du tissage et du raffermissement des liens entre le gouvernement et la diaspora, et pas seulement la diaspora du Benelux mais la diaspora Congolaise dans son ensemble, y compris celle vivant dans les pays limitrophes.
Ensuite les raisons pour lesquelles le gouvernement décide de se rapprocher de la diaspora. D’après le site, je cite:
“La population Congolaise vivant hors du territoire national est nombreuse et active, mais force est de constater que sa connexion avec la patrie mère semble à ce jour encore faible et insuffisante pour entretenir un lien filial intense entre le pays et ses enfants de la diaspora”
Cette affirmation n’a rien de véridique dans la mesure ou la diaspora Congolaise est une des plus actives en Europe ou en Amérique du nord et leur mobilisation pour le Développent du Congo est remarquable. Il est vrai que j’ai souvent critiqué les méthodes que certains de nos “combattants” utilisent pour sonner l’alarme et attirer l’attention sur des problèmes cruciaux car je pense qu’elles ne sont ni nécessaires ni efficaces, Il n’en demeure pas moins vrais cependant que les efforts que la large partie des Congolais mettent en œuvre restent inscrit dans le cadre de l’intérêt du Congo. Il me semble donc qu’il eut été plus juste de parler des relations détériorées (presqu’hostiles) entre le gouvernement Congolais et la Diaspora Congolaise, surtout celle d’Europe.
Minimiser les efforts de la diaspora est injuste parce que les Congolais de l’étranger contribuent jusqu’à 1Milliard de dollars américains par an en rémittences. Cette somme est plus élevée que toutes les aides au Congo réunies (Hormis le budget exorbitant et peu justifiable de la Monusco) et est équivalente a près du 7eme du budget national. C’est une contribution qui va presqu’entièrement aux familles et est utilisée essentiellement à l’éducation et à la santé, deux domaines ou le Gouvernement Congolais traine encore la pâte.
Pour finir, je voudrais donner mes raisons à moi pour lesquelles le Gouvernement Congolais doit absolument tender la main aux Congolais de la Diaspora:
- Ils sont parmi les rares Congolais de ma génération à savoir ce qu’un pays NORMAL est et comment il fonctionne. Avec près de 20 ans d’instabilité, la plupart des Congolais de ma génération n’ont jamais expérimenté la paix, la sécurité, un gouvernement responsable etc.
- Ils ont un niveau d’éducation supérieur à la moyenne nationale, couplé d’une expérience pertinente dans leurs domaines professionnels respectifs, quels qu’ils soient.
- Ils font montre d’une grande capacité organisationnelle aux niveaux de leurs villes respectives. Il est vrai qu’une plateforme continentale voire globale est encore à mettre sur pied, mais cela viendra avec le temps
- Certaines cellules de la diaspora ont l’influence médiatique et diplomatique nécessaire pour promouvoir les intérêts Congolais en matière sécuritaire, économique, culturel etc. Ceci est un aspect non négligeable quand vient la question de l’image du Congo à l’étranger.
- Avec leur contribution relativement importante à l’économie nationale, les Congolais de la diaspora représentent une source de capitaux non négligeable pour qui veut investir dans le secteur bancaire, mais aussi pour tout investissement privé. (par exemple la libéralisation/innovation du secteur des assurances et des fonds des retraites pourrait voit l’émergence des fonds avec contribuables a l’étranger, bénéficiaires au Congo)
J’accueille donc avec une grande joie l’initiative de la table ronde et j’espère, en tant que Congolaise, avoir la chance de contribuer aux échanges et au renforcement des relations entre le Gouvernement du Congo et la Diaspora Congolaise. Unis dans le sort, unis par l’effort !

31 Jan 2013

Que vise Kabila à la Conférence minière de Lubumbashi?



Lors d'une réunion avec les différents intervenants, le Président Kabila a déclaré que «Le Congo doit renforcer les contrôles sur l'octroi des licences d'exploitation minière et lutter contre la corruption afin que le pays puisse profiter pleinement de la production de cuivre en hausse".

Cette réunion, organisée à Lubumbashi / Katanga vise à «prouver la volonté politique» du gouvernement en matière de réforme du secteur minier d'une manière qui "met fin au paradoxe qui voit un potentiel minier considérable, et de plus en plus d’activité minière intense, mai des avantages très modestes pour l'État », résultant en « des conséquences négatives pour l'amélioration des conditions de vie de la population ».

Encore une fois, je suis très déçu par ce discours. L'organisation de la réunion elle-même est estimé à 800.000 dollars payés par les contribuables congolais est juste pour "prouver la volonté politique», laissant tout le monde, y compris le président, avec la question de la mise en œuvre.

Pendant toute la durée de ses dix ans de règne, le président Kabila a lancé à travers ses gouvernements plusieurs actions pour nettoyer le secteur minier, en vain! Encore une fois, dans cette réunion, il a suggéré décisions qui sonnent bien aux participants (ou peut-être pas), mais personne ne peut vraiment dire ce qui justifie ces décisions.

Son ministre de l'emploi, M. Modeste Bahati Lukwebo a déclaré: "Nous devons mettre un terme à tout cela, ils ne sont que des aventuriers. Ce que nous avons à faire est d'inviter les grandes entreprises minières et pétrolières, alors tout le monde saura qui ils sont ". Est-ce une raison valable de choisir qui investit en RDC? Ces grandes entreprises prendrons-t-elles le risque d’investir au Congo avec tous les problèmes que nous avons?

La plupart des problèmes du secteur minier au Congo proviennent du gouvernement congolais lui-même. Dans une ancienne publication (disponible sur demande dans la boîte de commentaires), j'ai analysé les problèmes du secteur minier en RDC avec un accent particulier sur la malédiction des ressources au Sud-Kivu et de son industrie opaque extraction de l'or, et j’ai à l’occasion proposé des solutions au problème. C'est dire que je suis intime avec ce débat.

La plupart des pays dépendant actuellement en grande partie sur les revenus des ressources naturelles, ou qui ont le potentiel de le faire, sont caractérisés par leurs avancées différentes sur les nombreuses trajectoires de développement. Alors que certains pays semblent avoir travaillé sur la voie de la prospérité relative, d'autres ont souffert de décennies de mauvaise gouvernance, les conflits et appauvrissement et semblent être sur la spirale descendante qui caractérise la conception conventionnelle de la malédiction des ressources. En RDC, l'exploitation minière constitue un secteur essentiel pour le développement du pays. Le secteur minier a dominé l'économie de la RDC depuis le début des années 1920 (Banque mondiale, 2010). La promesse de richesses provenant du secteur minier est massive.

Cependant, l'extraction de ces ressources naturelles peut décevoir si elle n'est pas correctement gérée. L'instabilité politique peut également rendre des ressources productrices et consommatrices zones vulnérables à la volatilité extrême des prix des produits et de l'incertitude de l'offre. Les guerres civiles en RDC ne concerne pas seulement les citoyens mais ont aussi profondément déstabilisé les États du continent en particulier ceux qui ont été entraînés dans les guerres civiles ces dernières années.

Dans une certaine mesure, la paix est revenue dans la plupart des régions du pays et le gouvernement est confronté à des défis importants pour rétablir la production industrielle et ramener l'ordre dans le secteur minier artisanal et à petite échelle. Cela est encore plus urgent dans la région du Sud-Kivu où la course pour les minéraux a alimenté les conflits et la violence, avec plusieurs sociétés minières, bandes armées et individus rivalisant pour obtenir des concessions d’extraction de l'or dans la région. Alors, que devons nous faire?

Dans le système actuel de gouvernance en RDC, ou tout passe par le gouvernement central, des parties privees et publiques travaillent en connivence pour leurs propres interets au détriment des communautés locales. Dans sa forme actuelle, le système de gouvernance ne fournit pas un cadre approprié permettant secteur minier sud-Kivu de s'acquitter de son potentiel de réduction de la pauvreté. En même temps, les pratiques informelles et parfois illégales, telles que la taxation illégale du secteur, restent omniprésente. Cela fournit l'espace opérationnel et économique pour les pratiques peu recommandables, ce qui a des conséquences néfastes pour la situation sécuritaire dans les zonnes minieres.

Le système de gouvernance exige donc une réforme. Puisque la prolifération des acteurs signifie qu’il y a un defi a relever pour ce qui est de batir la confiance - l'un des piliers centraux de la réforme de la gouvernance - il est essentiel d'identifier des parties prenantes au niveau local, provincial, national et international, dans le but de construire une plate-forme de toutes les parties prenantes pour apporter un changement. Pour que le processus de réforme puisse avoir une chance de succès, les capacités des institutions de l'Etat doivent augmenter, de manière à réglementer efficacement et fournir une assistance à tous les acteurs impliqués. Les sociétés minières doivent accepter leur responsabilité et soutenir un processus de réforme de la gouvernance.

Quel que soit le modèle choisi, il y a un besoin urgent de décentraliser le secteur minier, notamment les inspections, la budgétisation, les ressources humaines et ne laisser que la négociation, être menée au niveau national, à condition que ces négociations soient ouvertes et transparentes. Il est nécessaire de séparer le représentant du gouvernement local et le représentant de la collectivité locale, surtout lorsque l'autorité traditionnelle est considérée comme l'autorité gouvernementale.. Il est imperatif d’organiser des mechanismes permatnat aux et vrai leaders locaaux de veillwer a l’equilibre et verifier ce que l'autorité traditionnel fait.

Il faut aussi une désambiguïsation entre les ministères provinciaux et les divisions, et clarifier les rôles des organes concernés, en particulier en ce qui concerne les inspections minières et les rôles de chacun des organes. La mise en place d'une plate-forme impliquant toutes les parties prenantes est souhaitable car il leur permettrait de faire connaître leurs intérêts.

Si j'étais le président de la République démocratique du Congo, ou un membre de son gouvernement sur cette question dans mon portefeuille, c'est ce que j'aurais dit à la conférence, et ne me limite pas à «démontrer une certaine volonté politique» et non savoir où, quand et comment quelqu'un qui n'est pas encore identifié serait effectivement proposer et mettre en œuvre des changements. Ces affirmations sont mal informés seulement d'augmenter sur le climat d'insécurité de l'investissement dans le secteur minier en RDC et ne sera certainement pas d'attirer le «minéral de gros et les compagnies pétrolières» attendues par le ministre du Travail.

23 Jan 2013

Malédiction des ressources/malédiction de l’aide?



La malédiction des ressources est le paradoxe par lequel un pays aux ressources naturelles abondantes expérimente une pauvreté extrême et/ou se retrouve dirigée par un gouvernement autoritaire (ma propre définition dérivée de la littérature abondante sur le sujet). Cette malédiction entraine souvent des conflits armés. Je pense que le Congo est un pays qui présente des éléments réels de la malédiction des ressources. Au-delà de cette malédiction, je pose aussi la question de la malédiction de l’aide : dans quelle mesure l’aide au Congo contribue aux mêmes éléments que ceux de la malédiction des ressources ? Je remets en question les bénéfices des actions dites humanitaires au Congo.



A. La malédiction des ressources

D’abord examinons les éléments de la malédiction des ressources au Congo :

1. Des ressources minières abondantes : Tout le monde parle du Congo comme d’un « scandale géologique ». En effet, le Congo figure en très bonne position parmi les pays ayant le plus de réserves en Coltan, or, cassitérite, diamants, forets, rivières, gaz, pétrole etc. Le Congo ne figure malheureusement pas sur la liste des plus grands producteurs de ces commodités. Au contraire, le Congo a connu plusieurs conflits armés autour du contrôle des ressources.

2. Une pauvreté prononcée : d’après les données de 2010, La population Congolaise estimée à 67,8 millions d’habitants, vit avec un PIB de 13,1 milliards par an, soit 350 dollars par habitant par an, faisant de ce fait du Congolais moyen un homme pauvre (le seuil de pauvreté étant de moins d’un dollars par jour). En fait, le Congolais moyen est l’homme le plus pauvre au monde, suivis de près par son voisin Burundais (420 dol par an).

Les indices de développement humains ne sont pas fameux : Le taux de mortalité au Congo est de 15,9/1000 (troisième taux le plus élevé au monde après l’Ukraine et la Guinée Bissau). Il a aussi une mortalité infantile de 109,5 (quatrième taux le plus élevé après l’Afghanistan, le Tchad et la Guinée Bissau). L’espérance de vie du congolais estimée a 48,9 est la troisième la plus basse après la Siéra Leone (48,2) et la Guinée Bissau (48,8). L’Esperance de vie masculine est la pire au monde, a seulement 47,3 ans.

L’inflation y est estimée à 17,3 par an. Nous somme parmi les dix pays ou la malaria et la tuberculose tuent le plus. L’un des dix pays ou le vaccin contre la rougeole et autres maladies infantile est le moins administré. Le seul pays ou les vaccins ne sont pas pris en charge par le gouvernement !

3. Des problèmes sévères de gouvernance : Un gouvernement totalitaire ou une petite élite profite corruption (Au Congo, les investisseurs rencontrent les mêmes personnes de jour pour le compte du gouvernement et de nuit pour le compte des partenaires locaux), un manque criant de transparence et de recevabilité (les crimes de corruption ne sont même pas répertoriés), un gouvernement inscrit aux abonnés absents (Le gouvernement congolais n’a consacré que 2.5 de son budget a la sante en 2010. Ce taux a chuté à 2% en 2011).

Manque total de démocratie : Sur une échelle démocratique de 1 à 10, avec 10 pour le plus grand niveau de démocratie, le Congo a marqué 2.15 en 2010 (treizième venant du bas). Notons pour information que les USA, la France et les Royaumes Unis ne figurent pas sur la liste des quinze pays les plus démocratiques du monde. Ceux-ci sont essentiellement les pays scandinaves.

Nous somme le pays le plus corrompu du monde avec 2/10 (10/10 étant le moins corrompu). Notre bureaucratie décourage les investissements. Aucune des 15 plus grandes banques au monde n’opère au Congo. Il prendrait 1 jour pour commencer un commerce en Nouvelle Zélande, 3 jours au Rwanda, 5 jours au Sénégal et … 160 jours au Congo.

4. Conflits armes : Non seulement notre indicateur est de 3, 073 (somalie-3.392, afganistan-3.525, Soudan 3.193 et Irak 3,192), notre budget national de défense reste parmi les plus faible au monde(en pourcentage au PIB comme en valeur nominale), présageant une armée et une sécurité très faible encore pour longtemps.

B. La malédiction de l’aide ?
Apres avoir établi sans trop de peine que le Congo vit ce que d’aucuns appellent la malédiction des ressources, je voudrais maintenant poser la question de l’aide. En fait je pense de plus en plus que l’aide aux gouvernements africains à peu près le même effet que les revenus des ressources naturelles. Dans ce paragraphe je vais essayer de mettre un lien entre chacun des éléments constitutifs de la malédiction des ressources et l’aide.

D’abord définissions l’aide. Telle que définie par Dambisa Moyo, l’aide est l’ensemble des prêts concessionnels et dons qu’un pays reçois de l’étranger en terme d’assistance au développement. D’après cette définition, l’argent que l’ONU apporte au Congo, pour la sécurité ou pour les agences, l’argent reçu du FMI ou de la Banque Mondiale, de la Banque Africaine pour le Développent (BAD), l’aide bilatérales et autres soutiens du même genre sont ce que nous appelons « aide » dans le cadre de cet article.

1. Une aide abondante : le Congo est le troisième récipient de l’aide multilatérale et multilatérale. Il a reçu 3,529 milliards, do t 1 milliard pour les forces de la Monusco. Il reste à déplorer que cette aide ne renforcent pas prioritairement les capacités de gouvernance qui ont si souvent été cités comme les vrais problèmes, mais sont plutôt canalises à remplacer les services publiques comme l’éducation et la santé. Ceci participe à fragiliser la recevabilité de l’Etat et positionne a tors la société civile comme une alternative au gouvernement.

L’aide inscrit le Gouvernement aux abonnés absents. Comment sinon expliquer que plus de trois quart du budget de la sante est prise en charge par les ONG ? Force néanmoins est de reconnaitre que sans certaines de ces ONG (ou des ONG qui travaillent mieux que ça) la situation serait catastrophique sur le terrain.

2. Une situation inchangée pour les plus pauvres et ou les employés des ONG semble être les seuls à réellement se développer au niveau humain. Pour exemple, le plus grand nombre des employés des Nations Unis travaillent à créer et gérer des situations qui n’existeraient pas sans leurs missions. Je ne mentionne pas leurs exemptions fiscales qui constituent un manque à gagner de plusieurs millions de dollars par an pour l‘Etat Congolais. Les modes de vies contrastes entre les employés locaux ou expatriés des ONG et les populations qu’ils sont sensés aider sont tout simplement révoltants.



3. Des problèmes sévères de gouvernance : la plupart des ONG ignorent la participation qu’ils prêchent et utilisent des méthodes préfabriquées, avec quelque fois des employés incompétents ou inexpérimentés pour implémenter des projets qui ont marche ailleurs, il y a plusieurs années. Ces formules copier-coller ne sont pas toujours les plus appropriées, mais la procédure d’adoption des projets est souvent trop éloignée de la base pour opérer des adaptations qui s’imposent.

La corruption (surtout dans les départements logistique, ressources humaines et lors de la sélections des projets à financer/bénéficiaires) existent dans le monde des ONG mais puisqu’ils impliquent directement la société civile ils ne sont pas toujours dénoncés Il y a aussi à décrier un manque total de recevabilités vis-à-vis de la population bénéficiaire et parfois même vis-à-vis des bailleurs.


Faut-ils se débarrasser des ONG ? Je ne pense pas. Cette question fera l’objet d’un article à venir. Je voudrais simplement ouvrir les yeux des millions des personnes de bonne volonté et d’humanitaires authentiques sur la situation que l’aide mal canalisée entraine et perpétue au Congo. Je rappelle que certaines ONG œuvrent réellement pour le bénéfice des plus pauvres, mais l’authenticité de leurs sentiments altruistes ne peux à elle seule briser ce que j’appelle ici la malédiction de l’aide.

16 Jan 2013

La traçabilité des minerais stannifère : Doit-on aller au-delà des frontières Congolaises ?


Lors de ma récente visite à Kigoma (Tanzanie), j’ai découvert un itinéraire par lequel les minerais congolais sont soustraits à la taxation congolaise. Pour les négociants tanzaniens que j’ai vu, ces minerais ne sont pas frauduleux et ne participent pas à la guerre à l’est mais ceci est très discutable. Ce problème demande une attention particulière puisque les seules personnes auxquelles le trafic bénéficie vivant a l’étranger. Dans cet article je rapporte un extrait de ma conversation avec Salumu, un négociant de père Tanzanien et de mère Congolaise Nkusu.

Moi : Assalam Alaykum Salumu, je m’appelle Soraya et je suis Congolaise. J’ai appris que vous achetez des minerais au Congo que vous revendez à l’étranger. Pourquoi les minerais Congolais et pas Tanzaniens ?
Salumu : Waalaykum Salaam ma sœur. Moi j’ai une autorisation Tanzanienne pour l’exploitation artisanale des minerais mais pour le moment la qualité et la quantité que nous obtenons en Tanzanie ne nous permet pas de vivre. J’ai alors entrepris de me tourner vers le Congo.

Moi : Comment vous, un Tanzanien, arrivez à exploiter des minerais au Congo (de manière artisanale) ?
Salumu : En fait je n’exploite pas. Je fais l’exploration, et je facilite l’installation des Small Scale Miners (SSM) moyennant des frais de consultance. Eux utilisent des méthodes sophistiquées et des broyeurs. J’use de mes connaissances en géologie (autodidacte) et de mes relations avec les autorités locales pour identifier des carrières, et j’intéresse les SSM. Eux achètent ensuite les droits d’exploitation auprès du gouvernement. Depuis peu, les tracasseries administratives découragent les sociétés pour lesquelles je facilitais cette installation. En attendant de trouver des SSM j’exploite moi-même de façon artisanale. Je suis aussi le représentant de certaines compagnies Tanzaniennes au niveau congolais.

Moi : Avez-vous pense que votre implication pourrait couter la vie a des centaines des personnes ? Il y a quand même un lien bien établit entre la guerre à l’est de la RDC et l’exploitation artisanale illégale.
Salumu : Je n’opère pas dans les zones contrôlées par les forces armées puisqu’ils ont leurs propres artisanaux, leurs propres négociants et leurs propres fournisseurs des vivres. Et aussi je reste loin de l’or. Je me concentre surtout sur le platine et la cassitérite. J’ai récemment commence à répertorier les carrières de cuivre aussi. Ce sont des minerais qui n’intéressent pas trop les groupes armes et les chefs locaux ne demandent pas beaucoup en contrepartie d’une autorisation d’exploitation.

Moi : Qui vous donne cette autorisation, et que donnez-vous en contrepartie ? Travaillez-vous avec le ministère ou la division des mines ?
Salumu : Au Congo, en dehors des grandes cites, il n’y a pas d’autorité étatique. Vous travaillez avec qui vous avez en face de vous. Avec ou sans les autorisations de Bukavu ou Kindu, c’est finalement le chef de village le plus proche de la carrière qui vous autorise l’exploitation. En général contre un bidon d’huile de palme raffinée, un matelas, un sac de sel ou des bèches et pioches neuves. La valeur totale dépasse rarement 100 $ et vous donne une autorisation de trois à six mois, ce qui est généralement suffisant pour rentrer dans mes frais, faire un petit profit et trouver un SSM intéressé pour une exploitation proprement dite. Ce n’est pas tant une acquisition du droit d’exploitation que des échanges des cadeaux entre amis.

Moi : Racontez-moi un voyage typique
Salumu : voici Mwajuma, mon partenaire. Elle et moi prenons une embarcation vers le Congo. Nous y sommes en deux heures. Nous voyageons alors vers le Maniema, ou nous restons dans Fizi, mais dans des zones où il n’y a pas d’autres exploitants. Nous rencontrons le chef de village et nous lui expliquons que nous voulons exploiter la carrière près de son village. Il nous autorise verbalement et nous engageons des locaux pour l’exploitation. Nous utilisons des méthodes traditionnelles, avec des fois un détecteur de métal. Je laisse Mwajuma sur les lieux, et je reviens à Kigoma pour amorcer les démarches d’exportation.

Moi : Et comment acheminez-vous la marchandise vers l’extérieur ?
Salumu : Une fois à Kigoma J’établis des faux documents au nom du ministère des mines Congolais qui certifient que j’ai payé tous les droits d’exploitations. Notes ma sœur, que je ne sais pas avoir ces documents autrement puisque le représentant de la division des mines le plus proche habite a des jours de marche, en direction opposée de mon itinéraire. Souvent il ne dispose même pas de la nomenclature officielle en matière des minerais que j’acheté. Au moment où Mwajuma est prête, elle voyage avec la cargaison de la carrière a la plage. De mon cote, je quitte Kigoma de nuit, nous ramenons la cargaison jusqu’au port de Kibirizi ou nous nous arrangeons pour arriver avant l’aube. Je remplis les pointilles avec les quantités, et au petit matin je fais enregistrer la cargaison. J’emmené ensuite les faux documents au consulat congolais pour traduction et certification. J’utilise les documents certifiés pour obtenir des documents de transit, et je peux ensuite emmener la cargaison à Dar-Es-Salaam par train ou par route.

Moi : Au moment de la certification des documents, comment savent-ils qu’ils ne sont pas faux ?
Salumu : Ils ne posent pas de question. Ils savent probablement, mais puisque eux même nous demandent des prix exorbitants, nous nous réservons aussi de poser des questions. Par exemple, pour une cargaison de 150 tonnes de cassitérite, nous payons 1500$ pour la traduction et 3000 pour la certification des faux documents Congolais.



Moi : qu’avez-vous en stock pour le moment ?
Salumu : 150 tonnes de cassitérite, du coltan, du wolfram et 50kg de roche contenant 3% de platine au niveau de Dar-Es-Saalam. Mais cette dernière cargaison est difficile à écouler puisque nous n’avons pas pu établir les faux documents, et nous avons prétendu l’avoir obtenue dans des carrières nationales. Nous n’arrivons pas à le prouver et de ce fait à obtenir une autorisation d’exportation légale.

Moi : quelles sont les difficultés que vous rencontrez lors de ce parcours du Congo vers la Tanzanie?
Salumu : d’abord nous ne savons pas toujours à qui nous adresser au niveau local. Le chef de village, le chef de secteur, de localité etc. ensuite, nous accostons à des endroits inappropriés. Les commandants des groupes armés, qu’ils soient de l’armée régulière ou des groupes rebelles et/ou forces négatives exigent des vivres pour leurs troupes. Enfin, nous sommes obligés de forger nous-même des documents, pour lesquels nous payons des fois, plus cher que les originaux. Toutes ces tracasseries seraient évitées si nous pouvions avoir des autorités minières légales sur notre route.

Apres avoir remercié Salumu, j’ai continué ma visite de Kigoma, et j’ai eu à voir sa cargaison de 150 tonnes de cassitérites déchargée au Port de Kigoma. J’y ai aussi vu une importante cargaison de calcaire en partance pour Kalemie, et des sacs de charbon de bois à destination de Fizi. La production de charbon de bois est illégale en Tanzanie depuis plusieurs années, mais le marché Congolais continue de renforcer la contrebande. Du coté Congolais, surtout dans la collectivité de Mutambala à Fizi, le charbon est une denrée rare depuis que la forêt y est protégée. Ceci a haussé le prix d’un sac de charbon de bois a plus de 25 dollars, attirant ainsi le charbon issu de la contrebande Tanzanienne.

J’ai ensuite passe l’après-midi à repenser au port de Baraka. Avec des infrastructures complètes, il pourrait y avoir un bureau pour certifier la légalité de l’exportation des minerais stannifères. Malheureusement le processus de certification actuel ne prend pas en compte la situation de Hamisi et de centaines d’autres étrangers exploitant les carrières Congolaises et ne sait pas couvrir les zones sans bureau de certification. Entre temps, ces minerais continuent d’être achemines du fond de la jungle Congolaise vers des destinations internationales sans bénéficier a un seul Congolais, sinon quelques personnes au consulat Congolais de Kigoma.


Une solution intermédiaire serait pour les deux pays (Tanzanie et RDC) de signer à travers leurs provinces frontalières (Kigoma et sud Kivu) un protocole d’accord sur les modalités d’importation et d’exportation des minerais et autres matières premières le long de cette frontière.

Nos Héros Africains: Patrice Emery Lumumba



La situation Sociale, économique, sécuritaire et même la gouvernance du Congo aujourd’hui est précaire, mais le Congo a connu des périodes relativement plus graves. Imaginez qu’un pays étranger envoie des gouverneurs pour gouverner nos provinces, des généraux pour commander notre armée, des ministres pour gérer notre éducation, notre santé, notre économie, nos ressources. Imaginez que le dirigeant de ce pays étranger soit le seul à pouvoir représenter la nation congolaise sur le plan international. Au niveau interne, imaginez que la population soit traitée en esclave sur son propre sol. Que ceux qui ne travaillent pas pour ou ne collaborent pas avec ce pouvoir usurpateurs soient mutilés et meurent de leurs blessures. Que la moitié de la population périsse du fait de ce système de gouvernance imposé de l’étranger, cruel et sans pitié. Créez cette image ou seule une petite centaine de Congolais soient autorisés à aller à l’université, pour des sujets aussi inadéquat que Latin-Philosophie ou Etymologie linguistiques et que toute connaissance sur la gouvernance ou le développement économique leur soit caché. Les citoyens Congolais les plus remarques reçoivent un statut spécial, ils sont les « immatriculés »… C’est dans ces circonstances qu’un jeune homme d’un peu plus de trente ans, immatricule de son état, Patrice Emery Lumumba décide de prendre les choses en main et de passer à l’action.

Patrice Emery Lumumba est né dans la Localite d’Onalua, dans le District de Katako-Kombe au Sankuru, dans l'actuelle Province Orientale en République Démocratique du Congo. Il fréquente l'école catholique des missionnaires puis, élève brillant, une école protestante tenue par des Suédois. A 20 ans, alors qu’il travaillait pour une compagnie minière au Sud-Kivu il se rend compte que les matières premières du pays jouent un rôle capital dans l’économie mondiale, Il se rend également compte que les cadres congolais ne sont pas mêlés à la gestion des ressources naturelles, particulièrement des richesses minières nationales. A 30 ans il crée l’Association du Personnel Indigène de la Colonie (APIC) et deviens a 31 an le Président de l’association des évolués en 1956. Il écrit un livre très modéré qui prône une colonisation pacifique du Congo par la Belgique. Ce livre intitulé « Le Congo, terre d'avenir, est-il menacé ? » ne paraîtra qu’après sa mort. Il travaille ensuite à la Poste, puis dans une brasserie. A quel moment et pour quelles raisons Lumumba se mobilise-t-il plus radicalement pour l’indépendance immédiate du Congo, à l’instar des autres révolutionnaires Africains de l’époque ?

Sa prise de conscience commence en 1958, au moment où des Congolais sont invités en Belgique pour l’Exposition Universelle de Belgique. Lumumba classé modéré, appartient au parti du Ministre Belge de la Condition Coloniale (L’Amicale Libérale) et est à ce titre invité. La caricature faite du peuple Congolais dans cette exposition est très peu flatteuse. Mécontent, Lumumba rencontre et rejoint le rang des anticolonialistes de la Belgique. Le vent des indépendances souffle en Afrique. Certains pays, comme le Ghana, accèdent déjà à l’indépendance. Dès son retour au pays, Lumumba se « radicalise » et crée le 5 octobre 1958 le Mouvement National Congolais (MNC). C’est à cette époque qu’il rencontre à Kinshasa, presque par hasard, Mwalimu Julius Nyerere de la Tanzanie (Tanganyika a l’époque, Chiume du Malawi et Tom Boya du Kenya, en transit vers le Ghana ou se tient la Conférence Panafricaine d’Accra. Il se joint à eux et ils y rejoignent Kwame Nkrumah du Ghana. Cette rencontre marque fortement l’esprit du jeune patriote. A son retour à Kinshasa il organise une restitution de la conférence. Devant une foule d’une dizaine de milliers de congolais, il revendique passionnément l’indépendance du Congo.

Quelques semaines plus tard, le 4 janvier 1959, le MNC, l’ABAKO et d’autres partis indépendantistes organisent un meeting populaire a la place des martyrs (à l’époque siège de l’ YMCA) pour revendiquer l’indépendance du Congo. Ce meeting soutenu par des dizaines de milliers de Congolais de Kinshasa (Léopoldville a l’époque) n’est pas autorisé par le pouvoir colonial Belge. Héroïquement, la foule brave les barrages et se retrouve vite gonflée par des supporters mécontents du V-Club qui venaient du Stade des Martyrs (à l’Epoque Roi Baudoin) ou ils avaient perdu un match « amical » face au Mikado. La foule s’embrase et la manifestation dégénère. Pendant quatre jours les européens et les symboles du pouvoir colonial sont systématiquement attaqués, pilles, saccagés, détruits. La réaction du pouvoir colonial ne se fait pas attendre. Ils ripostent usant d’une violence extrême. Alors que les chiffres officiels parlent d’une quarantaine de morts, la réalité est bien plus grave. Les manifestants parlent de plusieurs centaines des morts. La situation est telle que pour la première fois, le Roi Baudoin et le gouvernement Belge envisagent l’Indépendance du Congo.

Pendant ce temps, Kassa Vubu, Président de l’ABAKO et Lumumba sont mis aux arrêts le 12 Janvier 1959. Le 21 janvier 1960, Lumumba est condamné à six mois de prison. Il est cependant libéré le 26 janvier 1960, pour participer à la table ronde organisée en Belgique du 20 janvier au 20 février. Au cours de cette Table ronde la Belgique discute des conditions d’accession à l’indépendance du Congo. Les indépendantistes y présentent un front unis et remportent l’Indépendance du Congo, fixée au 30 Juin 1960, après les élections du mois de mai. Le président élu est Kasavubu de l’ABAKO, très populaire dans le Bas Congo et a Léopoldville. Le MNC, parti de Lumumba remporte le plus de voix aux parlementaires et conformément à la constitution nome le Premier ministre.

Le jour de l’accession du Congo à l’indépendance, Kasavubu présente un discours adressé a la Belgique. Lumumba lui, improvise un discours présenté au Peuple Congolais. Il y décrit l’indépendance comme la victoire du peuple unis et combattant contre le pouvoir injuste colonial. Cette Independence marque une aire de paix, de liberté et de justice sociale. La presse internationale présente sur place relaie le message sur les ondes à l’échelle mondiale. Lumumba est applaudit en héros par le peuple mais les acteurs internationaux, solidaires a la Belgique le mettent en mire. L’indépendance du Congo entraine aussi celle du Rwanda et du Burundi. Certains citoyens de ces pays limitrophes reconnaissent le sacrifice des martyres du 4 Janvier 1959 et le rôle de Lumumba dans leur accession à l’Indépendance.



Le discours de Lumumba interprété comme anti-belge provoque des attaques du peuple Congolais contre les anciens colons. En pleine guerre froide Le gouvernement Belge se retire de son Front Allemand et avec l’accord de l’Otan et le soutien logistique des Etats-Unis déploie une grande force militaire pour protéger les ressortissants belges et faciliter la cession Katangaise. L’ONU envoie ses troupes identifiables a leurs casques bleus (c’est de la que vient l’appellation). Les pays Communistes et ceux du tiers monde, Particulièrement le Ghana de Nkrumah et la Tanzanie de Nyerere (à l’époque Premier Ministre) soutiennent Lumumba. Les capitalistes, (Etats-Unis en tête) soutiennent la Belgique. Face au conflit qui menace d’éclater, Joseph Kasavubu suspend Lumumba de ses fonctions. Le conseil de Ministre par contre lui exprime son soutien et Lumumba, fort de son soutien gouvernemental et parlementaire révoque Joseph Kasavubu de ses fonctions présidentielles pour haute trahison. Il prend le contrôle de l’armée et se prépare au pire pour défendre l’indépendance si chèrement acquise.

Dans ce grand chaos, un colonel de l’Armée Nationale Congolaise (ANC), Ex journaliste pro-belge, renverse le pouvoir en place par un coup d’Etat. Ce Colonel, Mobutu Seseseko Kukungbendu Wa Zabanga (Le coq chante et le guerrier va de victoire en victoire) se proclame Président et assigne Lumumba à résidence surveillée. Clandestinement, Lumumba demande à Antoine Gizenga de créer et de chapeauter un gouvernement parallèle à Kisangani (Stanleyville). Lumumba, Sa femme Pauline et ses enfants François, Guy-Patrice et Julianne, s’échappent de la résidence surveillée et tentent de gagner Kisangani à bord de sa Chevrolet. Retardé et facilement repéré par les émeutes de soutien populaire que cause son passage, Il est finalement arrêté à Lodi, dans son district de naissance (Sankuru) et est rammene à Mweka, d’où il est embarqué à bord d'un avion vers La Capitale. De là il est transféré au camp militaire Hardy de Thysville sous la garde des hommes de Louis Bobozo.

Le 17 janvier 1961, Patrice Lumumba et deux de ses partisans, Maurice Mpolo et Joseph Okito sont conduits à Lubumbashi (Elisabethville), au Katanga, et livrés aux autorités locales. Ils seront ensuite conduits dans une petite maison sous escorte militaire où ils seront ligotés et humiliés par les responsables katangais comme Moïse Tshombé, Munongo, Kimba, Kibwe, Kitenge mais aussi par des Officiels Belges sur place. Ils seront fusillés le soir même par des soldats sous le commandement d’un officier belge, sur ordre de la Couronne.

Certains Congolais pensent que la démarche de Lumumba était précipitée et quelque peu radicale. Cependant le système colonial Belge était dur, brutal et cruel. Nul n’aurait pu prédire quand et comment la Belgique nous rendrait notre indépendance si nous ne l’arrachions pas. Même après l’indépendance, l’ingérence du gouvernement Belge dans les affaires nationales et leur soutien militaire aux sécessionnistes menaçait l’intégrité nationale. Lumumba n’a fait que défendre notre droit naturel a la liberté, a l’indépendance, et le droit des peuples à déterminer leur destin. Un droit aussi fondamental que le droit à la vie, à la santé et à l’éducation pour tous, pas seulement quelques élus immatriculés. Des droits qui ne peuvent souffrir d’aucune violation sous prétexte que leurs détenteurs ne sont pas prêts à en jouir.

Patrice Emery Lumumba a mené son peuple hors de la colonisation, cette forme institutionnalisée de l’esclavage international. Mais Patrice Emery Lumumba n’a pas vu la terre promise. Nous non plus. Cependant il a laissé des jalons sur qui pourraient mener le peuple congolais au paradis qui est le leur. Il faudrait pour cela que le peuple se souvienne des valeurs qui en tout temps ont caractérisé sa lutte. De valeur de de fierté, d’unité nationale, liberté, de persévérance, d’indépendance.

Pour finir, voici un texte poignant que Lumumba écrit a Pauline, sa femme. C’est le dernier texte connu du Héros Africain :


Ma Compagne Chérie,

Je t’écris ces mots sans savoir s’ils te parviendront, quand ils te parviendront et si je serai en vie lorsque tu les liras. Tout au long de ma lutte pour l’indépendance de mon pays, je n’ai jamais douté un seul instant du triomphe final de la cause sacrée à laquelle mes compagnons et moi avons consacré toute notre vie. Mais ce que nous voulions pour notre pays, son droit à une vie honorable, à une dignité sans tache, à une indépendance sans restrictions, le colonialisme belge et ses alliés occidentaux – qui ont trouvé des soutiens directs et indirects, délibérés et non délibérés, parmi certains hauts fonctionnaires des Nations-Unies, cet organisme en qui nous avons placé toute notre confiance lorsque nous avons fait appel à son assistance – ne l’ont jamais voulu.

Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribué à déformer la vérité et à souiller notre indépendance. Que pourrai-je dire d’autre ? Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordre des colonialistes, ce n’est pas ma personne qui compte. C’est le Congo, c’est notre pauvre peuple dont on a transformé l’indépendance en une cage d’où l’on nous regarde du dehors, tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir. Mais ma foi restera inébranlable. Je sais et je sens au fond de moi même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire non au capitalisme dégradant et honteux, et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur.

Nous ne sommes pas seuls. L’Afrique, l’Asie et les peuples libres et libérés de tous les coins du monde se trouveront toujours aux côtés de millions de congolais qui n’abandonneront la lutte que le jour où il n’y aura plus de colonisateurs et leurs mercenaires dans notre pays. A mes enfants que je laisse, et que peut-être je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau et qu’il attend d’eux, comme il attend de chaque Congolais, d’accomplir la tâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance et de notre souveraineté, car sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité, et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres.

Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m’ont jamais amené à demander la grâce, car je préfère mourir la tête haute, la foi inébranlable et la confiance profonde dans la destinée de mon pays, plutôt que vivre dans la soumission et le mépris des principes sacrés. L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, Washington, Paris ou aux Nations Unies, mais celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches. L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité. Ne me pleure pas, ma compagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre son indépendance et sa liberté.

Vive le Congo! Vive l’Afrique!


Patrice Lumumba