20 Nov 2013



Ce texte a été ecrit dans le cadre d'unie initiative de Christophe Vogel qui reunis et publie des essais sur pa paix au Congo.


Amani Itakuya #18: La paix…


Posted by ethuin on November 20, 2013


La paix…

Soraya Aziz Souleymane



J’ai 32 ans et je me demande ce que ce mot signifie vraiment.

A 9 ans j’ai vu la paix se désintégrer sous mes yeux. Le Président Mobutu pleurait en direct à la télévision Nationale en décrétant le multipartisme au Zaïre. Ceci faisait suite à une série de manifestations (assez passionnées) organisées par Tshisekedi. A 13 ans je voyais le génocide Rwandais prendre place d’abord au Rwanda, ensuite au Congo, les FDLR, la guerre de l’AFDL, les vagues successives RCD, CNDP, M23, sans compter tout les opportunistes (Mudundu 40, groupes Mai Mai, les bandits à mains armées, les FARDC, la PNC, l’ANR… ). Je me demande si j’ai déjà vraiment expérimentée la paix au Sud-Kivu.

Si moi, vivant en milieu urbain ai des doutes, que dire de mes sœurs et frères en milieu rural? Si moi à mon âge n’ai qu’un vague souvenir, quels sont les souvenirs de la génération après moi? Quelle paix pour ma fille Latifah qui n’a que 8 ans? A quelle paix aspirons-nous si nous ne l’avons jamais expérimentée? Pourrons-nous jamais reconstruire un Congo en paix?

Ma réponse, sans hésitation, est oui. Même sans jamais l’avoir connue, tout humain est capable de reconnaitre la paix, la vraie paix, quand elle arrive. Bien que la paix ne soit pas seulement l’absence de conflit armé, elle commence par là. Les armes doivent se taire. Et pour que les armes se taisent nous devons parler plus fort qu’elles. La prolifération des initiatives nationales et internationales en faveur de la paix, unies entre elles par divers moyens technologiques, la détermination de mes compatriotes au Congo et dans la diaspora à dénoncer les affres de la guerre et les sanctions internationales qui s’en suivent sont autant de signes encourageant.

Les défis existent et nous devons les identifier et les surmonter ensemble. J’entend souvent parler du « manque de volonté politique » mais ceci est un faut prétexte. Ce manque de volonté se traduit autrement par « ce n’est pas une priorité pour le moment ». Ceci ne veut pas dire que les politiciens n’ont pas les ressources, ca veut simplement dire que ces ressources sont utilisées à d’autres fins. Nous devons donc leur dire, les instruire, les ordonner, d’utiliser nos ressources pour nos priorités a nous, pas les leurs. Ces politiciens sont nos employés. Nous devons les amener à surmonter les défis qui nous séparent d’un Congo en paix.

Le premier obstacle réel est le manque d’une armée qui jouerait un rôle dissuasif. Une armée qui ne joue que son rôle défensif expose la population. Il faut donc reformer l’armée. Pour que ceci devienne une réalité il faut des ressources. Nous devons donc pousser dans ce sens et nous assurer que nos parlementaires n’adoptent plus aucun budget qui n’aurait pas cet objectif en priorité. Nous devons aussi converger ; les efforts des « partenaires » internationaux dans ce sens. Pas ver une brigade paternaliste ou une mission Onusienne inefficace dans le domaine de la défense. Non! Une armée Congolaise digne de ce nom, qui ferait réfléchir deux fois tout aspirant rebelle.

Le deuxième obstacle est la xénophobie qui nous distrait. Je sais que nous aspirons tous à un Congo stable et prospère qui profiterais d’abord aux congolais mais aussi a l’ensemble de la sous région. Toute personne qui partage cet avis devrait être inclus dans les efforts de restauration de la paix. C’est aussi simple que ça. Certains de nos voisins sont si négativement impliqués dans le conflit qu’il serait utopique de penser pouvoir traiter avec eux avant qu’ils ne reconnaissent leur tors et ne se comportent mieux, mais nous avons 9 voisins et sur les 9 seulement deux sont encore activement impliqués dans le conflit. Le Congo, surtout la partie est, est complètement bloquée (landlocked) et nous dépendons de nos voisins pour accéder aux ports internationaux et assurer notre survie. Pourquoi ne pas considérer nos « bons voisins » et commencer par la?

Le troisième obstacle est le manque d’une diplomatie continué et cohérente. Nous devons toutes et nous nous montrer ambassadeurs du Congo, partout ou nous nous trouvons, et parler du problème congolais aux personnes qui peuvent influencer la situation pour le mieux. Il ne suffit pas de condamner les US et UK pour leur soutien au Rwanda, il faut contacter les Rwandais qui déjà dénoncent leur gouvernement et s’allier avec eux. Il faut contacter les Américains et les Anglais qui dénoncent leurs gouvernements et s’allier avec eux. Il faut aussi, en interne, dénoncer les Congolais qui participent a la guerre par leurs activités politiques, économiques, militaires, diplomatiques ou propagandistes.

Enfin le dernier obstacle à surmonter c’est la pauvreté. Elle nous déshabille de notre dignité et nous pousse à des extrêmes. Nous vendons nos vies, notre futur et notre paix pour des cacahuètes. Nous devons des maintenant penser à des alternatives économiques plus grandes que l’artisanat minier ou la carrière militaire véreuse. Nous devons penser en termes d’industries et de manufactures. Nous devons nous éduquer dans ce sens et commencer des maintenant à forger des partenariats utiles. Je ne pense pas que le Congo se développera par des ONG. Celles-ci se focalisent sur les victimes, les sinistrés et les marginalisés. Bien que ceux-ci méritent toute l’attention qu’ils ont, ils ne représentent pas le Congo. Nous sommes des femmes et des hommes forts, habiles, instruits, entreprenants et optimistes. C’est ca l’image du Congo que nous dévons promouvoir, et nous devons travailler dur pour que nous puissions aider nos compatriotes nous mêmes, à travers des mécanismes internes.

Amani Itakuya, la paix viendra, mais nous devons aller la chercher. Nous dévons nous préparer à l’accueillir. La paix ne viendra que si nous créons nous mêmes les conditions propices du retour à la paix. Amani Itakuya, niko na imani. (Peace will come, I believe)



Soraya Aziz Souleymane est une spécialiste du développement œuvrant dans la mitigation de l’impact social de projets industriels à grande échelle. Elle était Miss Leadership RDC 2011 et 2012.

6 Nov 2013

Intégration forcée ou développent transfrontalier?

Le M23, a été mis hors d’état de nuire par les FARDC. Plusieurs facteurs expliquent cette agréable surprise : Le changement à la tête du Commandement des FARDC, le soutient populaire aux actions des FARDC, la présence et le soutien de la Brigade de l’ONU, mais aussi des causes diplomatiques telle que la pression des congolais sur les dirigeants Américains et Britanniques, leur demandant d’imposer des sanctions au Rwanda, et de faire peser des menaces au cas où ils interviendraient pour renforcer les M23, comme ils en avaient pris l’habitude. Ces éléments mis ensemble ont garanti le succès des opérations des FARDC contre le m23.


Les canons sentent encore la poudre que déjà les “experts en DRC” parlent d’intégration économique. Certains assurent que la taille du Congo est telle qu’il serait « absurde » de ne pas intégrer le Kivu au sein de l’East African Community (EAC) avec Le Rwanda et l’Uganda. Il est pertinent de souligner au passage que l’implication de ces deux pays dans la guerre au Congo est un fait établit. Quelles incentives les Etats Unis font-ils miroiter au Rwanda pour soutenir les efforts de paix ? Plusieurs « spécialistes de la guerre au Congo » ont récemment proposé l’intégration économique, et certains ont carrément pointé ver l’intégration du Kivu au sein de l’EAC (dénoncée par quelques Congolais comme étant une balkanisation économique). Depuis les accords d’Adis Abeba, l’implication du Rwanda au sein de cette communauté a connu un zèle sans précèdent, positionnant le pays parmi les décideurs principaux. Au sein de l’EAC le Rwanda, l’Uganda et le Kenya font partie de « la coalition des enthousiastes », dont la Tanzanie et le Burundi se trouvent exclus.


Récemment, pour des raison différentes et parfois de querelle personnelles entre leaders, les relations diplomatiques entre le Rwanda et la Tanzanie d’une part, et le Rwanda et l’Afrique du Sud d’autre part se sont détériorée. Pendant ce temps, les trois Etats ayant contribué a la Brigade d’intervention de l’ONU (FIB) sont le Malawi, l’Afrique du Sud et la Tanzanie, tous trois membres actifs de la Southern Africa Development Community (SADC) dont le Congo fait egalement partie. Cette communauté a joué un rôle diplomatique important, en compétition avec la CIRGL. C’est vers une plus grande implication de la RDC au sein de cette communauté que la Tanzanie et l’Afrique du sud poussent.

Ces deux communautés (EAC d’un cote et SADC de l’autre) tirent chacune la couverture de leur côté espérant ainsi devenir des partenaires de taille dans l’économie Congolaise. Cependant, la situation au Congo n’est pas si simple. Une quelconque intégration devrait être soigneusement analysée avant d’être adoptée. Toute intégration visant à compenser ou à récompenser l’implication d’un pays dans la guerre au Congo serait une invitation à la surenchère. D’aucun pensent donc que ni la Tanzanie ni le Rwanda ne devraient définir les préférences de partenariat en lieu et place des Congolais.

La situation fragile des provinces du Nord et Sud Kivu demande de sérieux efforts de consolidation de la paix. En même temps que la mise en place d’une justice transitionnelle pour mettre fin à l’impunité dans la sous-région, il est important que le gouvernement Congolais se focalise au rétablissement de l’autorité étatique sur l’ensemble du territoire national avec un focus particulier sur les zones récemment « libérées ». Les différences entre les pays de la sous-région et la RDC en termes de sécurité, PIB, de capacité étatique, de richesses naturelles et d’emplacement géographiques sont telles qu’aucune intégration dans ces conditions ne saurait bénéficier aux Congolais.

L’intégration économique avec comme objectif a long terme la suppression des frontieres pour faciliter la libre circulation des biens et des personnes, un gouvernement et une monaie unique, n’est souvent possible qu’entre pays de niveau similaire en développent humain, économies et de potentiel semblable en ressource naturelle. Cependant, certains mécanismes existent pour faciliter l’intégration des pays aux potentiels différents. Ceux-ci préconisent généralement que les pays les moins lotis naturellement développent des capacités de infrastructures de valeur ajoutée et une main d’ouvre spécialisée et compétitive. De l’autre côté, les pays aux ressources abondantes doivent se focaliser sur leurs gouvernance, leurs système de collecte des taxes, leurs sécurité et leurs développent humain. La mise en place des conditions propices permettant une intégration réaliste prendra encore quelques années. Inutile donc aux « puissances Etrangères » et à leurs flatteurs de pousser le Congo dans cette direction. En attendant, je propose une alternative à l’intégration économique : Le développent des infrastructures transfrontalières.

Avec un pareil developpement chaque Etat garde l'etanchté de ses frontieres, percoit les taxes douaniere et visas, mais a la liberté de decider quel traité adopter ou rejeter sans se voir dire qu'il "manque d'enthousiasme". Puisque les provinces de l’Est du Congo sont territorialement verrouillées (land locked), il est important d’ouvrir le Katanga et le Sud Kivu aux ports de Mombasa et Dar Es Saalam. Un exemple de cette ouverture serait via les routes et chemins de fer Kenyans, Ougandais et Rwandais, et/ou Dar Es Salam via les routes et chemins de fer Tanzaniens, Burundais et Congolais, et leurs ports de Kigoma, Uvira et Kalemie (cet exemple totalement fortuit ne vise pas à séparer sciemment « les enthousiastes » des autres pays) En plus de ces efforts sous régionaux, chacun des pays devra développer ses infrastructures de transport au niveau interne. Le Congo reliera par exemple la province du Maniema au port de Kalemie ou d’Uvira. Le port fluvial de Kisangani pourrait être relié par route à la ville frontalière d’Aru etc.

Plusieurs pays de la sous-région souffrent du manque d’électricité. Ceci limite leur capacité à accueillir des industries qui pourraient générer de l’emploi. Il y a pourtant un fort potentiel humain et hydroélectrique qui pourrait être soit à cheval entre deux ou plusieurs frontières (Ruzizi) ou être dans un pays avec possibilité cette consommation dans un autre pays (le Grand Inga etc servant les industries minieres de la SADC). Ce sont là certains exemples de la création des infrastructures transfrontalières.
L’avantage qu’a cette deuxième option sur la première est qu’elle permet constructivement de gagner le temps nécessaire pour une remise à niveau, et potentiellement pour un changement de leadership dans certains pays de la sous-région.