Hier j’ai suivis le discours du Président Kabila à la télévision nationale le discours sur l’état de la nation prononcé ce samedi 15 décembre au Parlement, et j’étais déçue, pour dire le moins.
Ce discours intervient à un moment ou l’heure est très très grave. Le pays est en guerre. Près de trois quart d’un million des congolais vivent en déplacés, Goma et quelques localités autours sont en danger d’être envahis. Une insécurité endémique sévit dans l’Ituri, à Fizi des rois de guerre règnent en maitre absolu sur des portions du territoire national, disposant du droit de vie ou de mort sur les habitants. Des exactions terribles sont commises surtout au Nord et Sud Kivu d’où j’écris ces lignes.
En plus de cette situation de crise que nous connaissons, le Congo vit une pauvreté extrême. D’âpres le Professeur Collier le Congo a besoin de cinquante années de paix continue pour atteindre son niveau de croissance de 1960 ! Que nous évaluions le développement sur des critères keynésiens ou Haquiens, les Congolais sont parmi les personnes les plus pauvres au monde ! L’éducation, la sante, les infrastructures, l’emploi, Léau, l’électricité, tout traine dans le « bottom billion » ! Le pillage des ressources naturelles scandalise les plus capitalistes, surtout après l’explosion de l’affaire Getler !
Le discours larmoyant du Président Kabila, s’est focalisé sur la guerre du M23, le dernier des maux Congolais. Il nous a dit ce que nous savions déjà, à savoir que le peuple n’en pouvait plus d’attendre et que les chiffres sur la croissance ou l’inflation ne changeait pas leur quotidien. Il a dit que l’intégrité nationale était à mal. Il a dit que le M23 était soutenu par le Rwanda et qu’il y avait à craindre des visées de balkanisation. Le Président en a appelle à la cohésion nationale, il parle d’une offensive diplomatique, politique et militaire. Cette phrase répétée ad nauseum depuis avril dernier n’est qu’un slogan à mes oreilles puisque les actions, si il y en a, tardent à se produire.
Mais que faire pour sortir de la crise ? Ce que je n’ai pas vu dans ce discours, et que nous attendions surement tous, c’est un plan réaliste de sortie de crise. Pas seulement la rébellion du M23, mais une ou plusieurs actions positives qui pourraient mettre fin à la guerre. Du coté diplomatique il se vante des avancées vers l’établissement d’une force neutre mais la composition de la force neutre elle-même contient le Rwanda et l’Uganda. Neutre par rapport à qui si elle se compose de nos agresseurs ?
Du cote des efforts politiques, visant à regrouper les différentes tendances, il multiplie les frustrations en assignant officiellement ou officieusement les leaders de l’oppositions à résidence surveillée, en excluant les femmes du dialogue ou en ignorant carrément certaines composantes de la société civile locale. Du cote des efforts militaires, je n’ose même pas parler du scandale du général Amisi alias tango fort, ni des exactions commises par les FARDC au front !
Ce que nous attendions, c’est une vision positive, c’est un homme qui inspire confiance et qui nous dit que tout ira bien bientôt ! Encore une fois le président vient d’Etaler son manque total de leadership. Ce discours me déprime encore plus que la situation elle-même !
Que pouvons-nous attendre du Président Kabila ? Eh bien, rien ! Il continuera à discuter avec nos agresseurs, il continuera à ignorer le développement sous prétexte que nous sommes en guerre. La misère et le désespoir qu’elle entraine continuerons a figurer au nombre des causes de l’enrôlement des jeunes incompétents dans une armée des pilleurs et violeurs. Si ces jeunes avaient le choix en matière d’éducation, de la santé et de l’emploi, peut-être serviraient-ils leurs pays utilement. Le budget de l’exercice prochaine a été adopte et sans grande surprise il n’y a pas beaucoup de changement.
On continuera à dépendre de l’étranger, des ONG et des confessions religieuses pour l’éducation et la sante. Su cote des infrastructures, nous continuerons à dépendre des pilleurs de nos ressources. Aucune initiative réellement gouvernementale. Il a aussi parlé de la commission des droits de l’homme. Je n’y crois pas, je n’attends rien de cette commission. Comment penser que le gouvernement est sincère dans ce pays ou la liberté d’expression, pilier de dénonciation des violations des droits de l’homme, est si fréquemment bafoué ? D’après nos amis de Journalistes En Danger, cette année a été une des pires en la matière. Je pense même que cet article me vaudra une interpellation a L’ANR !
Mes amis, mes compatriotes l’heure est grave… Ne comptons pas sur le Président Joseph Kabila, il n á aucune idée sur ce que nous devons faire, il attend de consulter quelques personnes pour qu’on lui souffle la bonne direction. Si nous voulons du changement, nous devons l’apporter nous-même.
Je sais que plusieurs d’entre nous appartiennent déjà à des mouvements qui visent à changer les choses au Congo. J’encourage toutes ces initiatives et espère que nous pourrons entrer en contact les uns avec les autres, de partout où nous nous réunissons, de partout où nous discutons, pour mettre ensemble nos têtes et produire un vrai plan de sortie de crise qui prend en compte le leadership a la tête de l’État, les incursions répétitives de nos voisins à l’Est, la pauvreté extrême dans laquelle les Congolais vivent, les violation flagrantes des droits de l’homme par l’armée, le gouvernements et autres organes étatiques qui aujourd’hui servent à maintenir quelques personnes au-dessus de nos lois, et autres problèmes qui nous touchent vraimement, qui nous touchent partout où nous sommes, qui nous touchent tous les jours. Bientôt, par nos efforts conjoints, les choses seront différentes, bientôt le Congo sera libre, souverain et fort.
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