7 Jul 2014

Patrick Muyaya definit la problematique de la Demographie en RDC en 10 questions


SAS: Bonjour Patrick vous etesDéputé National, élu dans la circonscription électorale de la Funa à Kinshasa. Vous etiez le Benjamin des élus à la proclamation des résultats du 28 novembre 2011, et à ce titre, vous avez été membre du Bureau provisoire de l’Assemblée nationale en charge du greffe (Secrétaire Rapporteur). Comment arrivez-vous là ? pouvez-vous brièvement nous dire qui vous êtes ?

PMK: Je m’appelle Patrick MUYAYA Katembwe, Je suis né à Kinshasa en République Démocratique du Congo au début des années 80. Je suis journaliste de profession. J’ai fait une petite carrière dans ce domaine chez CEBS, de journaliste reporter au Président du Conseil d’Administration en passant par le présentateur du Journal télévisé. Dans l’exercice de ce métier de micro, j’ai eu l’avantage de rencontrer différentes personnalités du monde politique et du monde des affaires. Cette expérience m’a ouvert, à la politique.

SAS: Vous avez récemment décidé de faire de la démographie votre cheval de batail, pouvez- vous nous faire un état des lieux de la situation démographique au Congo et de ses projections ?
PMK: La question démographique me préoccupe au haut point parce qu’elle conditionne tout projet de développement. Ce qui m’a poussé à m’intéresser à cette question c’est le fait que le manque de planification et de gestion démographiques constitue un problème car que la croissance économique ne suit pas l’augmentation démographique incontrôlée.

C’est d’ailleurs pour cette bonne raison que je venais récemment d’adresser une question orale avec débat au Ministre du Plan en vue d’éclairer la représentation nationale sur la politique démographique mise sur pied. Le débat était d’une très grande portée et nous avons tous compris qu’il est urgent de concilier la croissance démographique avec tous les projets de développement, faute de quoi la pauvreté de la population ne fera qu’accroître. La croissance démographique est en partie responsable de l’augmentation du nombre réel de personnes vivant dans la pauvreté dans nos sociétés.

SAS: Quels chiffres avez-vous en votre disposition pour fonder ce jugement ?
PMK: A ce jour, à en croire certaines études, la population congolaise se chiffre entre 73 – 75 millions d’habitants dont 60 % des jeunes dont l’âge varie entre 1 et 20 ans. Cette tranche de population est quasiment désespérée. Les structures d’encadrement et d’accompagnement posent problèmes et le taux de chômage élevé. Il y a lieu de craindre que cela accroit si aucune politique claire et efficiente de planification et de gestion démographique n’est mise sur pieds, et en mouvement. Il est important de savoir que Le taux de croissance est de 3,1 %. Ceci veut dire qu’en 2025, la population congolaise atteindra 107.981.870 habitants, tandis que 155 000 000 d’âmes sont attendues en 2050 et en 2100 ce serait en milliards.


SAS: Quels sont les défis à relever
PMK: Les défis à relever sont immenses, à la mesure des problèmes qui se posent. Il y a déjà au niveau de la formation (de l’éducation) tant primaire qu’universitaire, une inadéquation entre le type de formation donnée et les besoins réels des populations. Il me semble qu’il faille réadapter notre système éducation au contexte. Par la suite, il faudra que des efforts soient consentis pour améliorer les revenus de la population active en vue de la rendre capable de répondre à ses besoins primaires. Aujourd’hui le revenu par habitant est très très faible et cela ne permet pas de penser sérieusement le développement national et communautaire. En effet, comme on le sait, c’est du développement de chaque membre de la communauté que dépend le développement de toute la société.

Le taux de chômage est aussi un défi majeur. Il a plusieurs causes : le manque ou l’inexistence des emplois rémunérés à juste valeur, l’exode rural et la rareté de l’emploi. Pour pouvoir espérer voir les choses changer, il faudra que le climat des affaires soit assoupli pour attirer les investisseurs tant nationaux qu’étrangers. L’objectif devra être l’utilisation de la main d’œuvre locale. L’exode rural explique aussi le chômage parce que 70% de la population sont attirés par les villes, laissant les possibilités d’emplois dans les régions rurales. Et le fait de la faible existence des emplois par rapport à la demande est une évidence contre laquelle il faut lutter. Dans tous les cas, il est question de la politique qu’on met sur pieds dans la gestion rationnelle de la population. Si les bouches à nourrir sont plus importantes que les ressources disponibles, on peut tout faire, cela n’aboutira à rien.

SAS: D’aucuns pensent que le Congo est sous peuplé et qu’il n’est pas urgent de parler de démographie, qu’en pensez-vous ?
PMK: Il est vrai qu’ayant une superficie de 2 345 000 km3 contre 73-75 millions d’habitants, la République Démocratique du Congo est relativement peu peuplé. Mais Il ne faut pas trop facilement lier démographie et superficie et croire que l’implosion démographique n’est pas un souci. Pour moi l’essentiel réside en la prise en charge de la population existante. C’est cela la bonne, honnête et sincère gouvernance.

Dans la problématique de gestion des populations, on table plus sur ce qu’on a plutôt que sur ce qu’on pourrait avoir. Cela relève de la possibilité et de la réalité. Si vous me posez la question de savoir s’il est possible de peupler tout le sol congolais alors je dirais Oui, nous en sommes capables. Mais en Réalité, sommes-nous en mesure d’assurer la prise en charge effective en termes d’infrastructures, scolarisation, soins de santé, alimentation et autres services publiques pour cette population ? La réponse est : NON.
La politique responsable et réaliste consiste à se poser la question de la capacité de charge. La croissance démographique n’est pas un démon, mais il faut savoir la gérer. C’est là que nos choix individuels influent sur le destin collectif.

SAS: Quelles sont les stratégies que vous préconisez ?
PMK: Cette question nécessite une vraie et réelle éducation, en partant de la base au sommet. Il nous faut éduquer nos populations à une fécondité responsable et assumée. Et je pense que c’est un des thèmes transversaux qu’il faille introduire dans la formation primaire, secondaire et universitaire. Pour les parents, il ne fait l’ombre d’aucun doute que les difficultés actuelles nous invitent tous à un changement de comportement dans la procréation. MANDLINE et LAPHALIN ont bien démontré qu' « une planification familiale bien conçue alliée à un bon programme de développement exercent de par effet conjugué, une influence indéniable sur l'indice de fécondité» .

SAS: Quels moyens avez-vous pour aider à résoudre ce problème (comment allez-vous forcer le gouvernement, comment allez-vous inspirer la population)
PMK: En tant que Député National, les moyens pour la réussite de ce combat sont nombreux. Je vous ai plus haut parlé de la question orale avec débat que j’ai adressé au Ministre du Plan sur cette question de planification et de gestion démographiques.
Le souci pour moi était que l’exécutif nous dise ce qu’il entreprend dans ce domaine de démographie. Il faut l’interpellation de nous tous, animateurs et acteurs des institutions publiques, sur l’importance que nous devons attacher à cette épineuse problématique plutôt que de la laisser entre les mains des ONG.
Pour la population, c’est la sensibilisation et encore la sensibilisation. Je fais déjà cette sensibilisation dans les milieux universitaires chaque fois que j’y suis invité pour une conférence, j’en discute chaque jour avec ma base et mes équipes. J’en ai fait mon credo.
Les expériences d’autres pays qui ont réussi dans ce secteur nous servent d’appui. Il n’y a pas de honte à dire que quelque chose est un mal : une guérison peut s’en suivre. Et donc la question de la démographie nous concerne tous : chaque fois que nous sommes butés à résoudre les problèmes vitaux de ceux qui nous sont plus proches, nous devons nous poser la question de savoir si nous n’avons pas fait des mauvais calculs… Et comme de fois les conséquences éduquent mieux que les conseils, nous sommes convaincus que le message passera.

SAS: Et que pensez-vous de ceux qui disent que c’est avant tout un problème de gouvernance ?
PMK: Il est vrai que plusieurs gouvernements qui se sont succédé n’ont pas accordé une attention particulière aux problèmes de population. Il est d’une part vrai que le problème de gouvernance peut se poser lorsque les ressources pouvant servir 1 millions de congolais, servent une caste des mandarins. Le détournement des biens communs a donc entraîné la misère de plusieurs.
Mais ce que je n’accepte pas du tout, c’est que les partisans de l’augmentation démographique proche de la superficie développent des thèses illusionnistes. Ils croient qu’il suffit de dire que le Congo est riche en sol et sous-sol pour pouvoir trouver des solutions aux problèmes immédiats. Les potentialités dont nous sommes pourvus peuvent servir d’orientation mais pas de gestion réaliste et honnête de la population.
D’autre part, on ne doit pas encourager la production humaine sur les espérances non encore matérialisées, et c’est de la force et capacité prévisionnelle des individus pris séparément qu’émerge une vision responsable au niveau de l’Etat. L’Etat ce n’est pas une juxtaposition des individus. C’est nous. Nous devons nous assumer. L’image du salarié que j’ai évoqué plus haut en dit long.

SAS: Vous poussez aussi sur le front de l’éducation et de la création d’emploi, comment ces deux solutions sont liées à la démographie ?
PMK: La réponse est simple : être éduqué permet d'avoir accès à l'emploi. L'emploi permet de gagner de l'argent et l'argent nous permet d'organiser notre vie et donc les liens sont très étroits entre les trois points au regard en référence aux études qui ont démontrées que l'accès à l'emploi ( argent ) en lui même est un contraceptif efficace en ce qu'il permet de faire une planification familiale conforme aux horaires parfois compliqués de travail, un souci d'un meilleur encadrement des enfants en leur assurant une prise en charge totale au plan social, scolaire et le coût y afférent etc.

La démographie en elle même ne constitue pas un problème. Notre plus grand défi se résume principalement à la maîtrise de celle ci et à l'urgence de mettre en œuvre des politiques et des structures qui permettent à notre Êtat de résorber des déficits énormes en terme de prise en charge totale de la population au plan scolaire, sanitaire, sécuritaire, judiciaire etc.. Il est tout aussi urgent de créer une adéquation entre les exigences du marché et la capacité de nos universités à produire des têtes compétitives et capable d'évoluer dans le marché de l'emploi du 21 siècle dominé par l'utilisation à tous les postes des NTIC.
L'emploi ne consiste pas seulement à occuper ceux qui ont eu l'opportunité d'aller dans les universités mais aussi tout ceux et c'est la majorité qui sont dans l'informel. Il est question ici de leur donner une opportunité d'exercer un métier. Dans une dynamique de reconstruction autant on a besoin des architectes autant on a besoin des maçons, peintres, carreleurs et consort.... Et donc la combinaison Éducation, création et accès à l'emploi permet de contenir l'évolution galopante de la démographie ou tout au moins permet une fécondité maîtrisée...

SAS: Interressant. l'humanité est sur le point d'evaluer les objectifs du milenaire et de definir les grands defis a a relever pour la prochaine generation. D'apres vous quels devraient être les nouveaux objectifs du millénaire, après 2015 ?
PMK: Je ne saurai être en mesure de dresser un bilan exhaustif de l'immense travail qui a été fait depuis l'an 2000 dans le monde pour l'atteinte de ces objectifs mais il y a lieu de saluer le progrès accompli quant à ce. Je ne saurai m'hasarder à tenter de faire le rapport entre ce qui a été fait par rapport à la population qui a grandi entretemps. Je ne saurai vous dire le nombre d'enfants âgés de 15 ans qui existe aujourd'hui. Sans dire que ces efforts ont été dilués par le nombre de nouveaux vivants. Je me risque cependant de dire que les résultats auraient pu être meilleurs que ceux obtenus si nous avions pratiqué une fécondité maîtrisée. Je crois que les huit Objectifs millénaires du développent sont très liés et de mon point de vue il faudrait peut être les recentrer autour de quelques objectifs principaux que sont :

- la réduction de l'extrême pauvreté à travers l'amélioration de l'accès à l'eau potable, l'énergie
Et surtout par la professionnalisation de l'agriculture et a la manufacture qui peut donner de l'emploi à beaucoup plus de gens sans grande qualification et servir de socle de développement.
- Investir massivement dans l'éducation puisque c'est elle qui permet au peuple de se prendre en charge. Réussir cet objectif permettra de régler de manière indirecte un certain nombre des choses notamment la lutte contre certaines maladies, la protection de l'environnement et autres défis.
- Faire de la maîtrise démographique une priorité sinon tous les efforts de développement risque d'être annihilés avec une explosion démographique incontrôlée

SAS: Merci beaucoup pour votre temps. Je vous souhaites bonne chance pour la suite de votre parcours et j’attend impatiemment l’occasion d’avoir un nouvel interview avec vous pour évaluer les progrès. Avez-vous autre chose à ajouter ?

PMK: Merci a vous Soraya pour m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer sur ce sujet qui me tient tant a cœur. Pour l’instant il n’y a rien de particulier à ajouter si ce n'est d'inviter tous les compatriotes à s'engager pour le pays. Notre pays est jeune et nous avons tous les atouts pour réussir ce qu'il nous faut maintenant, c'est de nous engager un peu plus dans l'action citoyenne pour contrôler l'action de nos dirigeants. Et devenir acteur plus tôt que spectateur. Être très actif sur les réseaux sociaux c'est bien mais descendre au pays et prendre le risque d'y investir est mieux. Il nous faudra bien comprendre nos enjeux et définir la position qu'occupera chacun de ceux qui voudront s'engager à nos côtés pour le développement de notre pays.

29 Jun 2014

Special 30 Juin 2014: Debout Congolais


En ce moment crucial ou l’humanité évalue les progrès du développent humain mesurés par les objectifs du millénaire, échéance 2015, Je me sens transie de colère et couverte de honte car il apparait clairement que le Congo traine encore la patte et figure en toute dernière position, comme on en a pris la détestable habitude. Avec nos 51,8 Millions de Congolais vivant encore avec moins d’un dollars par jour (70% de nos 74Millions d’Habitants) nous avons a nous seuls réussit à bloquer les milestones du continent Africain dans plusieurs domaines.

Si certaines avancées en matière de sante et d’éducation sont à saluer, l’état de vie de la population en général reste à déplorer. Les plus gant maux restent visibles dans le domaine de la gouvernance. Un grand niveau de corruption encouragée par la totale impunité dont jouissent les dirigeants coupables de détournements, de spoliation tels ceux qui vendent les ressources naturelles du pays a des étrangers pour des prix dérisoires.

Aujourd’hui pendant que le peuple a besoin d’éducation, de sante, de sécurité, d’infrastructures, de ses droits les plus basics, la classe politique en place distrait la population avec le changement de la constitution et autres violations flagrantes des règles démocratiques pourtant établies par des institutions et sanctionnées par les mécanismes légaux et légitimes. La faiblesse de notre gouvernement s’observe aussi par les très mauvais rapports que nous entretenons avec nos voisins, nos ex alliés, nos frères Africains, les puissances étrangères et leurs alliés régionaux, et même avec les organisations et institutions Panafricaines et mondiales. Ces instabilités au niveau interne et international remettent en question les fragiles et maigres avancées si fortement médiatisées.

Il est clair que l’absence de solidarité entre Congolais, le manque de leadership cohésif avec comme conséquence le manque de vision claire a échéance réaliste, reste des défis majeur à relever. Ce sont entre autres ces problèmes qui créent l’insécurité persistante, la colonisation économique et mentale, les inégalités, la pauvreté et la consécration des antivaleurs avec comme ambassadeurs premiers une clique de pilleurs nationaux et étrangers qui s’enrichit illicitement au détriment des filles et des fils du Congo.

Il ne fait aucin doute que seuls les Congolaises et les Congolais pourront remédier a cette situation et remettre le Congo sur les rails du développent afin que nous puissions pleinement bénéficier de notre potentiel. Au moment ou nous célébrons le 54eme anniversaire de notre accession a l’indépendance la question reste de savoir comment nous pouvons nous assurer que les 74M de Congolais se réveillent et travaillent tous au développement du pays chacun a son niveau.
Pour commencer, on pourrait s’atteler à demander aux congolais, en des mots simples, de s’unir pour lutter ensemble contre ces maux. Ce message devrait être simple et atteindre nos écoliers et étudiants, nos soldats et fonctionnaires, nos commerçants, nos dirigeants, nos hommes et nos femmes, nos jeunes et nos vieux. Ce message doit les pénétrer tous et ils doivent se l’approprier. Le répéter souvent et le faire leur.

Plutôt que de réinventer la roue, je me suis souvenue d’une vielle chanson que nous connaissons tous très bien, une chanson aussi vielle que notre nation. Nous la chantons souvent mais en comprenons-nous seulement le sens ? Apprécions-nous sa pertinence ? Voyons-nous a quel point son auteur a inscrit tous les idéaux nationaux dans ces quelques mots ? Je propose donc que ce 30 juin se passe à relire et à méditer sur les paroles de notre chant sacré, le Debout Congolais :

Debout Congolais,
Unis par le sort,
Unis dans l'effort pour l'indépendance,
Dressons nos fronts, longtemps courbés
Et pour de bon prenons le plus bel élan, dans la paix,
O peuple ardent, par le labeur,
Nous bâtirons un pays plus beau qu'avant, dans la paix.
Citoyens, entonnez, l'hymne sacré de votre solidarité,
Fièrement, saluez, l'emblème d'or de votre souveraineté, Congo.
Don béni (Congo) des aïeux (Congo),
O pays (Congo) bien aimé (Congo),
Nous peuplerons ton sol et nous assurerons ta grandeur.
(Trente juin) O doux soleil (trente juin) du trente juin,
(Jour sacré) Sois le témoin (jour sacré) de l'immortel, serment de liberté
Que nous léguons, à notre postérité, pour toujours.


15 May 2014

A propos des progrès de la RDC en matiere d'education...

Cet article est ma réaction aux chiffres sur l’éducation récemment publiés par Matata Ponyo, Premier ministre de la RDC (PM). J’entends démontrer par des sources indépendantes que ces chiffres ne sont pas nécessairement le reflet de la réalité sur terrain, et que quand bien même l’intention serait de les atteindre la stratégie mise en place par le gouvernement n’est pas appropriée pour relever le défi que présente le secteur de l’éducation en RDC.


Ce Lundi 12 Mai 2014, sur son compte twitter, le PM a fourni un bref aperçu de sa présentation a Oman sur la rencontre Education Pour Tous. Les neufs tweets qui ont suivis ce tweet parlent des objectifs de cette rencontre, puis de la présentation du secteur de l’éducation Congo et reportent « des progrès significatifs » qui lui ont valut les félicitations de plusieurs acteurs et medias internationaux :

I am in Oman to attend the annual Global EFA (Education for All) Meeting with #unesco member states representatives: http://t.co/flbxevcwrB

— MATATA PONYO Mapon (@Mapon_Matata) May 12, 2014
- Education is a top priority for DRC. The budget allocated to #education grew from 6% ESP in 2007 to 16,04% ESP in 2014 @GEMOmanSummit
- 109,375 teachers have been hired between 2007 and 2014 with ‘‘Bancarisation’’ of their pay. We also created a teachers’ Health care Mutual.
- Among the improvments [sic] for access to #education in #DRC : free primary education launched in 2010 & Construction of 1,000 schools in 2013-14
- Il reste des défis : 3,5 M d’enfants à scolariser, la construction de + 20000 écoles... Pour l'émergence 2030, une seule voie : l'éducation

Apres plusieurs questions et critiques des Congolais sur twitter remettant en question les chiffres et les avancées présentées, le compte official de la Primature de la RDC a posté un lien pour mieux expliquer le programme des 1000 écoles. Je me penche d’abord sur les chiffres avancés avant d’examiner la pertinence de la strategi mise en place. Il est important de souligner que je n’ai pas eu acces a la presentation du PM et que mes remarques se fondent exclusivement sur ses tweets et sur l’article de Jeune Afrique Magazine qui a couvert cette ovation.

A. Les chiffres et les avancées reportés

S’agissant de l’accroissement du budget de l’éducation, que le PM considère comme un indicatif de l’inscription de l’éducation sur la liste des priorités nationales depuis 2007, il est important de souligner la courbe suivante Adaptée des sources (1, 2 et 3) :


Comme on peut le voir sur ce graphique, ce n’est pas avant 2010 que le budget de l’éducation a commencé à croitre, et non à partir de 2007 comme le présente le PM (est-ce dans le but de créditer le premier mandat présidentiel de l’AMP?). De plus, il est opportun de préciser qu’en 2012 par exemple, les dépenses en éducation ne représentent que près de 7% du budget général de l’Etat (mais dans sa façon de rapporter le PM insiste sur le pourcentage par rapport aux ressources budgétaires propres à l’Etat et donc près de 13,5%). Cette façon de reporter est malicieuse et malhonnête.
De plus, comme le souligne le plan stratégique de l’éducation de 2010:

« Malgré l’augmentation des recettes de l’État au cours de la période, les dépenses publiques en faveur de l’EPSP n’ont cessé de décroître, que ce soit en pourcentage des recettes, du PIB ou des dépenses totales. Cette situation a eu pour conséquence le délabrement des infrastructures scolaires et l’insuffisance des équipements et des matériels pédagogiques. A cette situation déplorable s’ajoute le transfert de la charge de l’État vers les ménages avec, comme corollaire, la baisse du niveau de scolarisation, de nombreux enfants ne pouvant accéder à l’éducation en raison du montant des frais scolaires ».
Le bilan du gouvernement 2006-2011 a eu un impact très négatif sur l’éducation. Un bilan qui frôle le sabotage.

- S’agissant de la bancarisation de la paie il eut été important de souligner que plusieurs difficultés techniques persistent à raison du nombre très réduit des institutions financières partenaires dans l’implémentation de cette politique en avance sur les infrastructures existantes. Ceci a souvent un impact négatif sur la qualité de l’enseignement étant donne que certains enseignants doivent s’absenter plusieurs jours par mois pour se rendre au guichet de paie. L’opération permet quand même au gouvernement d’économiser plusieurs millions de dollars par an et reste à saluer. Elle permet aussi la mise en place des services de sécurité sociale (mutuelle de santé, pension de retraite etc., à condition que les centres de sante suivent)

- S’agissant de l’éducation gratuite, il est curieux de constater que cette gratuité ne s’accompagne pas d’une augmentation conséquente du budget national de l’éducation. La faible augmentation constatée semble progressive et ne peut donc pas couvrir tout de go les frais liés à une éducation primaire gratuite pour tous. Mes observations personnelles sur terrain m’ont permis de constater plusieurs problèmes : Plusieurs écoles primaires ne sont pas mécanisées. Ceci signifie tout simplement qu’elles ne sont pas sur la fiche de paie du ministère de l’éducation. Dans certaines écoles, seule une partie des enseignants sont payes. Même dans les écoles ou tous les enseignants sont payés, le salaire de l’enseignant de l’école primaire reste souvent moins de 100$ par mois. Le salaire faible des enseignants ne constituant pas une motivation suffisante, les parents doivent presque toujours contribuer aux frais scolaires à travers la fameuse prime pour lever un tant soit peu la rémunération des enseignants.

- S’agissant de la construction de 1000 nouvelles écoles à travers le Projet de réhabilitation et de reconstruction des Infrastructures Scolaires (PRRIS), le lien de la Primature renvoie à une vidéo mais rien ne permet d’effectuer une vérification. Les écoles construites dans le territoire de Rutshuru semblent être situées dans les mêmes groupements que celles reconstruites par un fond spécial visant le désenclavement de zones sinistrées par la guerre (rébellion m23). Ma demande visait à obtenir une liste exhaustive des 600/1000 écoles construites ou réhabilitées à ce jour afin d’effectuer une vérification auprès des organisations de la société civile opérant localement. Aucun lien n’a été fourni dans ce sens, nous attendons donc le rapport d’activités, si jamais il vient.

- S’agissant des écoles qui restent à construire, le PM a dit que 3,5M d’enfant en âge de scolarité n’étaient pas à l’école et que le défi était de construire 20,000 nouvelles écoles. Comment obtient-il ce chiffre ? Les normes Congolaises veulent qu’une salle de classe ne comporte pas plus de 30 élèves. Avec une moyenne de 6 classes par écoles, le nombre d’écoles nécessaires pour scolariser 3,5M d’enfants est donc de près de 19,445 écoles arrondies a 20,000. Ce chiffre est vrai pour l’année 2014. Entendu que la moyenne de construction des écoles est de 1000 écoles par an (à prouver), il faudrait à l’Etat Congolais vingt ans pour construire les 20,000 écoles. Il le confirme d’ailleurs en parlant des horizons 2030 pour la fin du programme. Et la croissance démographique estimée a 2,5% pendant ce temps ?

- S’agissant des défis qui restent à couvrir, j’ai soutenu dans un tweet que 7M d’enfants en âge de scolarité n’allaient pas à l’école. Ma source pour cette affirmation est le rapport « Jeunesse Congolaise, Potentiel et opportunité » de YouthMap, publie en Décembre 2013 et disponible ici. Ce rapport qui se fonde sur les recherches et publications de l’UNICEF 2013 contredit directement les 3.5M proclamés par le PM. La marge d’erreur ne peut être de 100%, et j’en conclut donc que des deux sources l’une se trompe complétement et induit l’opinion en erreur.

Avant d’évaluer la pertinence de la stratégie, il est important de souligner que je ne remets pas en question toutes les avancées. Le gouvernement 2011-2014 a mis en place une politique spéciale de relance du système éducatif et il y a plusieurs points positifs que je pourrais détailler dans un article à venir. Cet article-ci vise seulement à remettre en question les affirmations du PM.

B. Quelles sont les priorités nationales en matière d’éducation ?

Dans le PAP de 2010, le Gouvernement s’était fixé comme objectif de réaliser l’enseignement primaire universel à l’horizon 2010 en relevant les défis du secteur éducatif selon six axes stratégiques :
(i) l’amélioration de l’accès, de l’équité et du maintien des enfants dans les différents niveaux d’éducation formelle et non formelle et en particulier dans l’éducation de base, notamment pour les filles, les enfants, les jeunes et les adultes en difficulté, vulnérables et défavorisés,
(ii) l’amélioration, sous tous ses aspects, de la qualité de l’éducation, notamment de l’efficacité interne et des conditions d’accueil à tous les niveaux,
(iii) l’amélioration de la pertinence des contenus des programmes pour les adapter aux besoins nationaux et internationaux des apprenants et au programme national de développement,
(iv) l’amélioration de la gestion (financière, pédagogique et administrative) et de la gouvernance du système d’éducation et de formation,
(v) la déconcentration des pouvoirs administratifs et la gestion du système vers les provinces, conformément à la Loi sur la Décentralisation (qui reste à promulguer), et
(vi) l'amélioration de la gestion des ressources humaines par la mise en place d'un dispositif de suivi et de promotion des carrières du personnel enseignant. Or, les évaluations et revues du DSCRP récemment menées tendent à démontrer que la pertinence de ces défis reste d’actualité.

Ces axes prioritaires restent pertinents en 2014. Il est clair que construction des nouveaux bâtiments ne saurait à elle seule palier aux insuffisances de ce secteur puisqu’elle ne répond qu’en partie au premier point de la stratégie (Accessibilité). Il est pertinent d’évaluer les avancées de ces stratégies set de les ajuster. D’aucuns évoquent le manque de ressources pour pallier aux insuffisances du système éducatif. Il est vrai qu’avec un budget de 8 Milliards de dollars, on ne peut pas tout faire, mais en canalisant ces ressources dans le développement humain, particulièrement dans l’éducation, il est possible de déclencher un effet domino qui aura un impact à court terme sur la création de l’emploi dans le secteur formel, et à moyen terme sur l’économie nationale.

Autres articles importants :
http://expressionrdc.blogs.lalibre.be/archive/2010/04/26/chantiers-education.html
http://planipolis.iiep.unesco.org/upload/Congo/Congo%20PNAEPT.pdf
http://www.africanmanager.com/detail_article_wp.php?art_id=4696
http://afrique.kongotimes.info/rdc/enseignement/5981-enseignants-obliges-parcourir-jusque-conditions-precaires-bancarisation-difficulte-arriere-pays-congo-enseignants-territoires-victimes.html

20 Nov 2013



Ce texte a été ecrit dans le cadre d'unie initiative de Christophe Vogel qui reunis et publie des essais sur pa paix au Congo.


Amani Itakuya #18: La paix…


Posted by ethuin on November 20, 2013


La paix…

Soraya Aziz Souleymane



J’ai 32 ans et je me demande ce que ce mot signifie vraiment.

A 9 ans j’ai vu la paix se désintégrer sous mes yeux. Le Président Mobutu pleurait en direct à la télévision Nationale en décrétant le multipartisme au Zaïre. Ceci faisait suite à une série de manifestations (assez passionnées) organisées par Tshisekedi. A 13 ans je voyais le génocide Rwandais prendre place d’abord au Rwanda, ensuite au Congo, les FDLR, la guerre de l’AFDL, les vagues successives RCD, CNDP, M23, sans compter tout les opportunistes (Mudundu 40, groupes Mai Mai, les bandits à mains armées, les FARDC, la PNC, l’ANR… ). Je me demande si j’ai déjà vraiment expérimentée la paix au Sud-Kivu.

Si moi, vivant en milieu urbain ai des doutes, que dire de mes sœurs et frères en milieu rural? Si moi à mon âge n’ai qu’un vague souvenir, quels sont les souvenirs de la génération après moi? Quelle paix pour ma fille Latifah qui n’a que 8 ans? A quelle paix aspirons-nous si nous ne l’avons jamais expérimentée? Pourrons-nous jamais reconstruire un Congo en paix?

Ma réponse, sans hésitation, est oui. Même sans jamais l’avoir connue, tout humain est capable de reconnaitre la paix, la vraie paix, quand elle arrive. Bien que la paix ne soit pas seulement l’absence de conflit armé, elle commence par là. Les armes doivent se taire. Et pour que les armes se taisent nous devons parler plus fort qu’elles. La prolifération des initiatives nationales et internationales en faveur de la paix, unies entre elles par divers moyens technologiques, la détermination de mes compatriotes au Congo et dans la diaspora à dénoncer les affres de la guerre et les sanctions internationales qui s’en suivent sont autant de signes encourageant.

Les défis existent et nous devons les identifier et les surmonter ensemble. J’entend souvent parler du « manque de volonté politique » mais ceci est un faut prétexte. Ce manque de volonté se traduit autrement par « ce n’est pas une priorité pour le moment ». Ceci ne veut pas dire que les politiciens n’ont pas les ressources, ca veut simplement dire que ces ressources sont utilisées à d’autres fins. Nous devons donc leur dire, les instruire, les ordonner, d’utiliser nos ressources pour nos priorités a nous, pas les leurs. Ces politiciens sont nos employés. Nous devons les amener à surmonter les défis qui nous séparent d’un Congo en paix.

Le premier obstacle réel est le manque d’une armée qui jouerait un rôle dissuasif. Une armée qui ne joue que son rôle défensif expose la population. Il faut donc reformer l’armée. Pour que ceci devienne une réalité il faut des ressources. Nous devons donc pousser dans ce sens et nous assurer que nos parlementaires n’adoptent plus aucun budget qui n’aurait pas cet objectif en priorité. Nous devons aussi converger ; les efforts des « partenaires » internationaux dans ce sens. Pas ver une brigade paternaliste ou une mission Onusienne inefficace dans le domaine de la défense. Non! Une armée Congolaise digne de ce nom, qui ferait réfléchir deux fois tout aspirant rebelle.

Le deuxième obstacle est la xénophobie qui nous distrait. Je sais que nous aspirons tous à un Congo stable et prospère qui profiterais d’abord aux congolais mais aussi a l’ensemble de la sous région. Toute personne qui partage cet avis devrait être inclus dans les efforts de restauration de la paix. C’est aussi simple que ça. Certains de nos voisins sont si négativement impliqués dans le conflit qu’il serait utopique de penser pouvoir traiter avec eux avant qu’ils ne reconnaissent leur tors et ne se comportent mieux, mais nous avons 9 voisins et sur les 9 seulement deux sont encore activement impliqués dans le conflit. Le Congo, surtout la partie est, est complètement bloquée (landlocked) et nous dépendons de nos voisins pour accéder aux ports internationaux et assurer notre survie. Pourquoi ne pas considérer nos « bons voisins » et commencer par la?

Le troisième obstacle est le manque d’une diplomatie continué et cohérente. Nous devons toutes et nous nous montrer ambassadeurs du Congo, partout ou nous nous trouvons, et parler du problème congolais aux personnes qui peuvent influencer la situation pour le mieux. Il ne suffit pas de condamner les US et UK pour leur soutien au Rwanda, il faut contacter les Rwandais qui déjà dénoncent leur gouvernement et s’allier avec eux. Il faut contacter les Américains et les Anglais qui dénoncent leurs gouvernements et s’allier avec eux. Il faut aussi, en interne, dénoncer les Congolais qui participent a la guerre par leurs activités politiques, économiques, militaires, diplomatiques ou propagandistes.

Enfin le dernier obstacle à surmonter c’est la pauvreté. Elle nous déshabille de notre dignité et nous pousse à des extrêmes. Nous vendons nos vies, notre futur et notre paix pour des cacahuètes. Nous devons des maintenant penser à des alternatives économiques plus grandes que l’artisanat minier ou la carrière militaire véreuse. Nous devons penser en termes d’industries et de manufactures. Nous devons nous éduquer dans ce sens et commencer des maintenant à forger des partenariats utiles. Je ne pense pas que le Congo se développera par des ONG. Celles-ci se focalisent sur les victimes, les sinistrés et les marginalisés. Bien que ceux-ci méritent toute l’attention qu’ils ont, ils ne représentent pas le Congo. Nous sommes des femmes et des hommes forts, habiles, instruits, entreprenants et optimistes. C’est ca l’image du Congo que nous dévons promouvoir, et nous devons travailler dur pour que nous puissions aider nos compatriotes nous mêmes, à travers des mécanismes internes.

Amani Itakuya, la paix viendra, mais nous devons aller la chercher. Nous dévons nous préparer à l’accueillir. La paix ne viendra que si nous créons nous mêmes les conditions propices du retour à la paix. Amani Itakuya, niko na imani. (Peace will come, I believe)



Soraya Aziz Souleymane est une spécialiste du développement œuvrant dans la mitigation de l’impact social de projets industriels à grande échelle. Elle était Miss Leadership RDC 2011 et 2012.

6 Nov 2013

Intégration forcée ou développent transfrontalier?

Le M23, a été mis hors d’état de nuire par les FARDC. Plusieurs facteurs expliquent cette agréable surprise : Le changement à la tête du Commandement des FARDC, le soutient populaire aux actions des FARDC, la présence et le soutien de la Brigade de l’ONU, mais aussi des causes diplomatiques telle que la pression des congolais sur les dirigeants Américains et Britanniques, leur demandant d’imposer des sanctions au Rwanda, et de faire peser des menaces au cas où ils interviendraient pour renforcer les M23, comme ils en avaient pris l’habitude. Ces éléments mis ensemble ont garanti le succès des opérations des FARDC contre le m23.


Les canons sentent encore la poudre que déjà les “experts en DRC” parlent d’intégration économique. Certains assurent que la taille du Congo est telle qu’il serait « absurde » de ne pas intégrer le Kivu au sein de l’East African Community (EAC) avec Le Rwanda et l’Uganda. Il est pertinent de souligner au passage que l’implication de ces deux pays dans la guerre au Congo est un fait établit. Quelles incentives les Etats Unis font-ils miroiter au Rwanda pour soutenir les efforts de paix ? Plusieurs « spécialistes de la guerre au Congo » ont récemment proposé l’intégration économique, et certains ont carrément pointé ver l’intégration du Kivu au sein de l’EAC (dénoncée par quelques Congolais comme étant une balkanisation économique). Depuis les accords d’Adis Abeba, l’implication du Rwanda au sein de cette communauté a connu un zèle sans précèdent, positionnant le pays parmi les décideurs principaux. Au sein de l’EAC le Rwanda, l’Uganda et le Kenya font partie de « la coalition des enthousiastes », dont la Tanzanie et le Burundi se trouvent exclus.


Récemment, pour des raison différentes et parfois de querelle personnelles entre leaders, les relations diplomatiques entre le Rwanda et la Tanzanie d’une part, et le Rwanda et l’Afrique du Sud d’autre part se sont détériorée. Pendant ce temps, les trois Etats ayant contribué a la Brigade d’intervention de l’ONU (FIB) sont le Malawi, l’Afrique du Sud et la Tanzanie, tous trois membres actifs de la Southern Africa Development Community (SADC) dont le Congo fait egalement partie. Cette communauté a joué un rôle diplomatique important, en compétition avec la CIRGL. C’est vers une plus grande implication de la RDC au sein de cette communauté que la Tanzanie et l’Afrique du sud poussent.

Ces deux communautés (EAC d’un cote et SADC de l’autre) tirent chacune la couverture de leur côté espérant ainsi devenir des partenaires de taille dans l’économie Congolaise. Cependant, la situation au Congo n’est pas si simple. Une quelconque intégration devrait être soigneusement analysée avant d’être adoptée. Toute intégration visant à compenser ou à récompenser l’implication d’un pays dans la guerre au Congo serait une invitation à la surenchère. D’aucun pensent donc que ni la Tanzanie ni le Rwanda ne devraient définir les préférences de partenariat en lieu et place des Congolais.

La situation fragile des provinces du Nord et Sud Kivu demande de sérieux efforts de consolidation de la paix. En même temps que la mise en place d’une justice transitionnelle pour mettre fin à l’impunité dans la sous-région, il est important que le gouvernement Congolais se focalise au rétablissement de l’autorité étatique sur l’ensemble du territoire national avec un focus particulier sur les zones récemment « libérées ». Les différences entre les pays de la sous-région et la RDC en termes de sécurité, PIB, de capacité étatique, de richesses naturelles et d’emplacement géographiques sont telles qu’aucune intégration dans ces conditions ne saurait bénéficier aux Congolais.

L’intégration économique avec comme objectif a long terme la suppression des frontieres pour faciliter la libre circulation des biens et des personnes, un gouvernement et une monaie unique, n’est souvent possible qu’entre pays de niveau similaire en développent humain, économies et de potentiel semblable en ressource naturelle. Cependant, certains mécanismes existent pour faciliter l’intégration des pays aux potentiels différents. Ceux-ci préconisent généralement que les pays les moins lotis naturellement développent des capacités de infrastructures de valeur ajoutée et une main d’ouvre spécialisée et compétitive. De l’autre côté, les pays aux ressources abondantes doivent se focaliser sur leurs gouvernance, leurs système de collecte des taxes, leurs sécurité et leurs développent humain. La mise en place des conditions propices permettant une intégration réaliste prendra encore quelques années. Inutile donc aux « puissances Etrangères » et à leurs flatteurs de pousser le Congo dans cette direction. En attendant, je propose une alternative à l’intégration économique : Le développent des infrastructures transfrontalières.

Avec un pareil developpement chaque Etat garde l'etanchté de ses frontieres, percoit les taxes douaniere et visas, mais a la liberté de decider quel traité adopter ou rejeter sans se voir dire qu'il "manque d'enthousiasme". Puisque les provinces de l’Est du Congo sont territorialement verrouillées (land locked), il est important d’ouvrir le Katanga et le Sud Kivu aux ports de Mombasa et Dar Es Saalam. Un exemple de cette ouverture serait via les routes et chemins de fer Kenyans, Ougandais et Rwandais, et/ou Dar Es Salam via les routes et chemins de fer Tanzaniens, Burundais et Congolais, et leurs ports de Kigoma, Uvira et Kalemie (cet exemple totalement fortuit ne vise pas à séparer sciemment « les enthousiastes » des autres pays) En plus de ces efforts sous régionaux, chacun des pays devra développer ses infrastructures de transport au niveau interne. Le Congo reliera par exemple la province du Maniema au port de Kalemie ou d’Uvira. Le port fluvial de Kisangani pourrait être relié par route à la ville frontalière d’Aru etc.

Plusieurs pays de la sous-région souffrent du manque d’électricité. Ceci limite leur capacité à accueillir des industries qui pourraient générer de l’emploi. Il y a pourtant un fort potentiel humain et hydroélectrique qui pourrait être soit à cheval entre deux ou plusieurs frontières (Ruzizi) ou être dans un pays avec possibilité cette consommation dans un autre pays (le Grand Inga etc servant les industries minieres de la SADC). Ce sont là certains exemples de la création des infrastructures transfrontalières.
L’avantage qu’a cette deuxième option sur la première est qu’elle permet constructivement de gagner le temps nécessaire pour une remise à niveau, et potentiellement pour un changement de leadership dans certains pays de la sous-région.

29 Oct 2013

Concertations Nationales 2/6: Reponse du CVD au discours du President Kabila


Ce discours pronnoncé par Monsieur* Jean Bertrand EWANGA ISEWANGA IWOKA au nom de la Coalison pour un vrai dialogue (coalision regoupant plusieurs partis de l'opposition) est disponible sur le site de Monsieur Vital Kamerhe (www.Vital-Kamerhe.com. Je le reprend ici comma la deuxieme partie a mon analyse du discours du President Kabila a la nation dans la mesure ou il contient plusieurs critiques pertinentes par rapport au gouvernement actuel et la creation d'un gouvernement d'union nationale. L'anticonstitutionalité y est soulignee ainsi que plusieurs autres violations majeurs des lois du pays.
Certaines critiques se basent sur ce que les auteurs ont etablis comme intentions du President Kabila et a ce titre ne m'engagent pas.
Dans mon article suivant je vais parler de la lutte contre la corruption et de la nomination de ce conseiller dont le President parle. Je vais decrire ce qui est fait ailleur, demontrer l'inneficaté de cette nomination, et proposer des pistes de solution plus realistes.


COALITION POUR LE VRAI DIALOGUE
EN RD. CONGO
Synergie des Forces socio-politiques

CONFÉRENCE DE PRESSE DE LA CVD EN RÉACTION AU
DISCOURS DU PRÉSIDENT KABILA DU 23 OCTOBRE 2013

Mesdames et Messieurs de la Presse,
La Coalition pour le Vrai Dialogue, CVD en sigle, véritable synergie des forces sociopolitiques congolaises, vous remercie pour avoir répondu à son invitation, à l’occasion de cette conférence de presse, au cours de laquelle elle entend communiquer sa réaction au discours du Président KABILA de ce mercredi 23 octobre 2013.
Il vous souviendra, en effet, qu’à l’issue des concertations nationales initiées et tenues conformément à la seule volonté de Monsieur KABILA, un rapport final comprenant 679 résolutions avait été rendu public. Ce rapport élaboré par les partisans de Monsieur KABILA avait conclu à l’échec de ce dernier dans tous les domaines de la vie et de la gestion de l’Etat durant ses 12 ans de pouvoir. Par une déclaration lue en son temps, la CVD qui avait pris acte du constat d’échec fait par les concertateurs, attendait le discours promis par Monsieur KABILA et dans lequel il devrait annoncer des décisions courageuses. Convaincue que Monsieur KABILA n’avait plus rien à donner et à entreprendre en faveur du peuple congolais, la CVD ne s’était pas laissée abusée car, rien de bon ne pouvait sortir de sa bouche, tant sa détermination est de laisser, après lui, un Congo exsangue, sonné et désuni, avec une population paupérisée à l’extrême.

Après avoir suivi Monsieur KABILA devant les deux Chambres du Parlement réunies en Congrès, je signale en passant que les Députés de la CVD n’y ont pas pris part, les appréhensions de la CVD se sont confortées et confirmées. Nous tenons à féliciter nos vaillants députés qui ont choisi contre vents et marrées à défendre les valeurs républicaines et l’intérêt général de la nation.

Mesdames et Messieurs de la Presse,
Monsieur KABILA n’a fait que prendre acte du bilan de son échec établi par ses propres concertateurs. Il a reconnu notamment :

1. L’échec des négociations de Kampala et donc la poursuite de la guerre à l’Est.
Au moment où nous parlons, la guerre fait de nouveau rage à l’Est du pays sans que Monsieur KABILA ne se soit prononcé sur nos rapports avec les pays agresseurs qui avaient été nommément cités dans tous les rapports de la MONUSCO et des ONGs indépendantes ainsi que par ses Ministres notamment celui des Affaires Etrangères et de la Communication.
Le peuple attendait de Monsieur KABILA de clarifier ce point avec courage en désignant le chat par son nom, et en tirant toutes les conséquences. Que non ! C’est donc la poursuite des massacres, viols, pillages des ressources et autres déplacements massifs des populations. C’est aussi la perte du contrôle d’une partie du territoire national (Rutshuru et Nyragongo
au Nord-Kivu et l’Ituri dans la Province Orientale) à cause de sa politique empreinte de faiblesse.
Alors qu’avant de prendre ses fonctions, il a prêté le serment ci-après devant la Cour Suprême de Justice : « Moi, Monsieur Joseph KABILA, élu Président de la République Démocratique du Congo, je jure solennellement devant Dieu et la Nation :
- d’observer et de défendre la Constitution et les lois de la République ;
- de maintenir son indépendance et l’intégrité de son territoire ;
- de sauvegarder l’unité nationale ;
- de ne me laisser guider que par l’intérêt général et le respect des droits de la personne humaine ;
- de consacrer toutes mes forces à la promotion du bien commun et de la paix ;
- de remplir loyalement et en fidèle serviteur du peuple, les hautes fonctions qui me sont confiée»

Il va de soi que logiquement Monsieur Joseph KABILA doit tirer les conséquences de son échec cuisant et s’impliquer à l’organisation du Vrai Dialogue, conformément à l’esprit et à la lettre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et de la Résolution 2098 du Conseil des Sécurité des Nations Unies.
Eu égard à ce qui précède, la CVD lance un appel patriotique à nos vaillants éléments des FARDC qu’elle soutient du reste sans réserve, à défendre coûte que coûte la patrie en repoussant l’ennemi jusque dans ses derniers retranchements.
Elle lance le même appel à l’ensemble du peuple congolais en général et à nos frères et soeurs du Nord-Kivu en particulier, à apporter aux éléments des FARDC tout le soutien nécessaire dont ils ont besoin pour l’accomplissement de cette mission.
C’est le lieu pour la CVD d’inviter la Communauté internationale dans son ensemble à travers la MONUSCO et la Brigade Spéciale d’Intervention à actionner profondément le mandat de cette dernière pour neutraliser toutes les forces négatives qui opèrent impunément à l’Est du pays, en ce compris le M23.
La CVD est convaincue qu’avec son mandat tel que décidé par la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, la Brigade Spéciale d’Intervention, sans interférences nocives de la timidité de la politique et de complicité interne, est capable de terminer sa mission dans un laps de temps court à l’instar de l’opération Serval au Mali, initiée par le Président français, Monsieur François HOLLANDE.
La CVD invite aussi le Gouvernement du Royaume de Belgique à s’assumer et à s’investir dans le retour de la paix en RDC comme l’a fait le Gouvernement français au Mali.

2. L’inadéquation entre la soi-disant amélioration du cadre macroéconomique et le vécu quotidien du citoyen congolais.
En effet, l’amélioration du cadre macro-économique, du reste sur papier, est aujourd’hui la réalisation qui permet à son pouvoir de bomber inutilement la poitrine. Maintenant que Monsieur KABILA lui-même reconnait l’absence d’impact de cette performance hypothétique sur la vie des congolais, alors que reste-t-il à dire ? C’est donc un échec cuisant.
Tenez :
- le taux de pauvreté se situe à plus de 75 % de la population.
- le taux de déperdition scolaire ainsi que celui de mortalité sont des plus forts en Afrique.
- la RDC est le dernier pays au monde sur le plan de l’indice de développement humain.

3. L’affairisme des officiers des FARDC et de la PNC.
En dénonçant ce fléau, Monsieur KABILA a oublié que c’est lui qui est le Commandant Suprême des FARDC et de la Police Nationale Congolaise et que, par ailleurs, c’est encore lui qui doit traduire les officiers véreux et affairistes en justice. Pendant qu’il déplore l’affairisme des officiers, il est le premier à leur accorder sa protection.
En effet, le procès CHEBEYA est truffé de pesanteurs artificielles dont il ne serait pas étranger. Les officiers vendeurs d’armes et munitions de guerre courent la rue sans procès. De même que ceux accusés des viols des femmes. Le procès lorsqu’il y en a tire indéfiniment en longueur sans aucun aboutissement heureux. Souvent Monsieur KABILA recourt à la suspension alors que tout le monde sait que la suspension d’un officier sans poursuites judiciaires n’est pas une sanction.
Sa simple déclaration d’affairisme au sein de l’armée est ni plus ni moins un aveu d’échec, de faiblesse et d’impuissance.
Quelle sanction a-t-il déjà prise à l’encontre des officiers congolais cités dans les rapports des experts des Nations Unies pour le commerce illicite des minerais à l’Est de la RDC, pendant qu’au même moment, leurs homologues du Rwanda avaient été immédiatement jugés et mis aux arrêts par les autorités rwandaises ? En RDC, la règle c’est l’impunité et la justice est un instrument dont Monsieur KABILA se sert pour régler des comptes aux adversaires politiques.

4. Le règne de la corruption, du détournement des deniers publics et de
l’impunité.
Après avoir dénoncé les fléaux de corruption, de détournements des deniers publics et d’impunité, tout ce que le Président KABILA a trouvé à dire, c’est de nommer un Conseiller Spécial du Chef d’Etat pour s’en occuper. Voilà ce qui explique que la RDC soit classée soit classée 1° pays le plus corrompu du monde ! Quelle honte ? Et c’est sous le règne de qui ? C’est de la poudre aux yeux car, où se trouve Monsieur KABILA pendant que nos concession minières sont bradées à vil prix par le Gouvernement de la République pour être revendues aussitôt à des prix mirobolants, souvent multipliés par 100 par rapport au prix d’achat et rapportant des sommes faramineuses qui échappent totalement au Trésor public, ne serait-ce qu’en termes de
fiscalité. Voilà qui explique en partie la fameuse amélioration du cadre macro-économique qui si jamais il y avait transparence, devrait avoir un impact réel sur le vécu des citoyens.
Il faut arrêter de tromper les congolais. Un Conseiller Spécial pour s’occuper de la corruption, des détournements des deniers publics et de l’impunité, mais où est passé le Procureur Général
de la République ? Qui le bloque ? Est-ce la loi ou les hommes forts ayant un intérêt ? A part les arrestations des politiciens de l’opposition, des hommes et femmes de la presse tenant un discours différent de celui du pouvoir, des activistes des droits de l’homme, le PGR arrête encore qui dans ce pays ? Que fait-il des étrangers connus de tout le monde et dont la profession est de piller constamment nos richesses ? Je vous renvoie, à cet égard, aux rapports de Global Wittness et de l’ancien Secrétaire Général des Nations Unies, Monsieur Koffi ANNAN.
En effet dans ce dernier rapport, sans risque d’être contredit, Monsieur Koffi ANNAN et son équipe affirment que sur quelques contrats examinés, la République Démocratique du Congo a perdu plus de 1 milliard 360 millions de dollars américains sans qu’une enquête ne soit diligentée par son Gouvernement.

Mesdames et Messieurs de la Presse,
Le pays va mal. Et Monsieur KABILA, principal responsable de cette situation, ne le sait que trop bien. C’est pourquoi il l’a reconnu sans ambages dans son discours où il a fait siennes toutes les résolutions de ses propres concertateurs. Prisonnier de ses courtisans qui du reste sont les premiers bénéficiaires de la situation de non Etat créée par lui, Monsieur KABILA cherche du sang nouveau pour sa Majorité en perdition, en proclamant la mise en place d’un gouvernement de cohésion nationale.
Pour la CVD et sans nul doute, « les mêmes causes produisant les mêmes effets », il n’y a rien à attendre d’un tel gouvernement mis en place pour masquer ou, à tout le moins, chercher avec qui partager l’acuité et la gravité de son échec. C’est l’image d’un véhicule sans moteur qui n’ira nulle part malgré le changement de chauffeur, comme le disait YA MUNGUL de célèbre mémoire !
La CVD dit clairement ne pas être partie prenante à ce gouvernement. Elle en reste à l’écart et continue à évoluer dans l’opposition. Aussi curieux et alambiqué que cela puisse paraitre, Monsieur KABILA annonce, dans un même discours, la mise en place d’un Gouvernement de cohésion nationale et celle d’un Comité national de suivi des résolutions des concertations
nationales. Et, c’est à se demander si le Gouvernement issu des concertations nationales ferait autre chose que la mise en oeuvre et le suivi de l’exécution des résolutions du forum qu’il l’a nécessité.
Au fait, que veut dire « suivi des résolutions des concertations nationales » ? Si c’est leur exécution, alors le Gouvernement suffit ; si par contre c’est leur contrôle, il y aurait chevauchement avec l’Assemblée nationale qui a la mission constitutionnelle de contrôler l’Exécutif. C’est de la pure confusion traduisant le flou qu’il y a dans l’esprit de Monsieur KABILA. Bref, c’est l’absence de vision claire qui condamne le pays à une mort certaine.

Mesdames et Messieurs de la Presse,
On ne le dira jamais assez, le discours de Monsieur KABILA est un flou artistique qui malheureusement cache mal l’intention première de son auteur : conduire la RDC dans un chaos pour se maintenir au pouvoir.
En effet, dans un même texte, Monsieur KABILA donne la succession des scrutins qui partirait de celles locales, municipales, urbaines, provinciales et sénatoriales ; il suggère en même temps les élections provinciales au scrutin indirect ; il annonce aussi le principe du recensement avant les élections ainsi que la nécessité d’organiser très rapidement les élections provinciales pour remplacer les assemblées provinciales et le Sénat actuel dépourvus de légitimité. Allez-y comprendre quelque chose !
C’est un flou savamment entretenu dans les buts de conduire tout le monde à la révision de la Constitution et de prolonger tous les mandats de 2011 à l’instar de ceux des Assemblées provinciales et du Sénat élus en 2006-2007 ou encore contourner astucieusement l’article 220 de la Constitution en instaurant une transition politique qui va remettre les compteurs à zéro et arriver en 2020 sans organiser les élections.
C’est inqualifiable pour un Président de la République de chercher à faire élire les députés provinciaux au scrutin indirect. Que devient alors le régionalisme constitutionnel adopté par le peuple au référendum de décembre 2005 ? La décentralisation est un principe fondamental de l’organisation du pouvoir et de l’administration de notre pays. Comment penser dès lors que les députés provinciaux soient sans attaches directes avec la population qu’ils sont sensés
représenter ? Tout pouvait sortir de la bouche du Président de la République sauf une telle idée. A la vérité Monsieur KABILA veut nous ramener, après avoir obtenu la modification de la Constitution, à un Etat unitaire centralisé où il se mettrait à acheter, à coup d’argent, les députés provinciaux pour se ménager une majorité parlementaire dans toutes les provinces. La CVD tire la sonnette d’alarme et invite le peuple congolais à protéger sa Constitution jusqu’à ce que Monsieur KABILA quitte le pouvoir en 2016.
Au lieu du scrutin indirect comme le suggère Monsieur KABILA, la CVD se prononce, par rapport à la réforme de la loi électorale, pour le scrutin au suffrage universel direct tant pour les députés provinciaux, les sénateurs que pour les gouverneurs des provinces. Ceci pour donner à tous les élus une base de légitimité suffisante et éviter que des personnes viennent siéger dans les
institutions à la faveur de l’âge, après avoir recueilli une seule voix ou après avoir acheté, à coup des billets des dollars, un nombre bien calculé des voix.

La CVD est pour le maintien de la proportionnelle qui garantit la représentation d’un plus grand nombre et s’engage à oeuvrer avec les autres forces politiques et sociales pour qu’il en soit ainsi. La CVD réitère sa position en matière électorale, laquelle consiste à poursuivre le cycle commencé en 2011 par l’organisation et la tenue des élections provinciales et sénatoriales ainsi que celles des gouverneurs des provinces dans le courant de 2014, avant de finir par les autres élections. Enfin et sous ce même registre des élections, la CVD affirme que le mandat de Monsieur Joseph KABILA se terminera le 19 décembre 2016. L’élection présidentielle pour sa succession sera organisée 90 jours avant cette échéance, conformément à la Constitution. La CVD invite le peuple congolais à y veiller de manière particulière et le cas échéant, à faire application de l’article 64 de la Constitution.

Mesdames et Messieurs de la Presse,
La CVD a été très amusée d’entendre Monsieur KABILA, dans son discours, dire et répéter qu’il « enjoint aux institutions » (Sic !). Mais dans quel Etat sommes-nous finalement ? Un Etat où le Président de la République peut enjoindre au Parlement et au pouvoir judiciaire ? Notre pays s’appelle-t-il encore République Démocratique du Congo ou que Monsieur KABILA lui a changé de dénomination à l’insu de tout le monde.
Le moins que l’on puisse en déduire est que Monsieur KABILA n’est pas un démocrate. C’est un dictateur qui se cache mal derrière un semblant de démocratie. C’est pourquoi et comme pour se moquer du Sénateur Jean Pierre BEMBA, il affirme sans ambages enjoindre à son gouvernement de s’occuper de son cas, sans dire s’il s’agit de prendre en charge les frais de sa défense ou s’il s’agit de négocier quoi que ce soit avec la Cour Pénale Internationale ? Dans cette dernière hypothèse, que fait-il de l’indépendance de la Cour Pénale Internationale ? Nous aurions voulu le voir préciser sa pensée pour lever toute équivoque car, il n’est pas bon de faire espérer quelqu’un d’une mission impossible. Les promesses en politique n’engagent malheureusement que ceux qui les entendent et non ceux qui les font, dit-on. La CVD n’est pas dupe à ce point car, il s’agit d’une simple affirmation de charme.

La CVD l’a entendu dire aussi qu’il avait signé, le matin du jour de son discours, une ordonnance portant mesure collective de grâce. A la publication, par la presse, de cette ordonnance intitulée abusivement et pompeusement comme portant mesure collective de grâce, il n’en était rien. Il s’est agit plutôt d’une ordonnance portant remise des peines et non mesure collective de grâce. Les collègues qui ont cru naïvement en Monsieur KABILA n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Ils apprennent ainsi à connaître l’homme et son jeu peu sincère. Si le premier acte posé par Monsieur KABILA n’est pas conforme à la volonté des concertateurs, que dire alors de la suite, surtout que lui-même vient d’en rajouter avec notamment les élections indirectes des députés provinciaux.

Enfin, la CVD prend acte de la recomposition de la scène politique congolaise composée désormais d’une majorité présidentielle requalifiée (Mpr) dont le programme commun est constitué par les 679 résolutions issues des concertations nationales et l’opposition constituée des partis politiques qui n’ont pas pris part à ces assises en même temps qui n’adhèrent et ne soutiennent pas le programme de la nouvelle majorité. Car, selon la loi portant statut de l’opposition, on ne peut pas à la fois faire partie d’un gouvernement ou soutenir son programme d’une part et d’autre part appartenir à l’opposition. Les choses sont donc bien claires.

Mesdames et Messieurs de la Presse,
Avant de clore mon propos, je voudrais fixer les idées sur l’essentiel du message de la CVD :
1. Les concertations nationales ont eu pour seul mérite de dire haut et fort que le bilan de 12 ans de la gestion du pays par Kabila est négatif. Ce dernier a échoué sur toute la ligne ;
2. Les concertations nationales elles-mêmes, par rapport à son double objet principal, à savoir la cohésion nationale et la fin de la guerre, sont aussi un échec car à leur issues, il n’y a eu ni cohésion nationale, ni fin de la guerre à l’Est, ravivée par elles ;
3. La CVD invite instamment Monsieur Joseph KABILA et sa majorité présidentielle requalifiée à s’impliquer dans le Vrai Dialogue tel que prévu par l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et la Résolution 2098 du Conseil Sécurité des Nations Unies, avant qu’il soit trop tard ;
4. La CVD invite le peuple congolais a constaté avec lui que Monsieur Joseph KABILA offre un flou artistique ; il n’a pas de vision claire pour le Congo, sinon que se maintenir au pouvoir pour le pouvoir et par la force. Il conduit le pays à une dérive certaine ;
5. La CVD invite encore le peuple congolais à se lever comme un seul homme pour défendre la patrie en danger. A cet égard, elle demande de donner à nos FARDC tous les soutiens nécessaires pour bouter les ennemis hors du territoire national ;
6. Enfin, la CVD demande à la Communauté Internationale, particulièrement à la Brigade spéciale de la Monusco et au Royaume de Belgique de s’impliquer sans atermoiement dans la lutte pour la libération du Congo à l’instar de ce que les Français ont fait au Mali, à l’Ituri et s’apprête à le faire en République Centrafricaine.

Mesdames et Messieurs de la Presse,
La CVD vient de vous communiquer l’essentiel de sa réaction au discours de Monsieur KABILA de ce mercredi 23 octobre 2013. Elle vous rassure qu’elle n’a pas vidé la matière, si bien qu’elle se réserve le droit d’y revenir à tout moment pour parfaire l’exercice. A ce stade, nous pouvons nous contenter de ce qui vient d’être dit.
Je vous remercie et me tiens, avec mes collègues ici devant, à votre disposition pour répondre à vos questions éventuelles.

Fait à Kinshasa, le 26 octobre 2013.

POUR LA COALITION POUR LE VRAI DIALOGUE
Honorable Jean Bertrand EWANGA ISEWANGA IWOKA

*Desormais j'appelerais les "honnorable" et les "excellences" par leurs nom, en les precedent d'un polit "monsieur". Les seuls honorables seront les personnes qui se comportent honoablement, et les seulles excellences seront celles qui se distinguent par leurs devouement et efficacité. N'en deplaise aux membres du parlement et du gouvernement. Soraya

25 Oct 2013

Concertations Nationales 1/6 : Le discours de Kabila au Senat


On a beaucoup entendu parler des concertations Nationales en RDC, avant, pendant et après leur tenue. On savait déjà quelles étaient les conclusions de ces concertations avant, pendant et après leur tenue. Quelques modifications par-ci par-là mais en gros c’est bien ce qu’on savait qui serait qui est.

So discours parle de la création d’un gouvernement d’union nationale, de la poursuite du processus électoral et du maintien des institutions provinciales actuelles jusqu’à leur tenue. Il parle aussi de compléter l’arsenal juridique en matière de décentralisation, de la lutte contre la corruption (il entend nommer un conseiller principal en la matière). Il touche légèrement aux questions de protection sociale, de rapatriement des dépouilles mortelles d’anciens dirigeants et de l’ordonnance de grâce présidentielle.

Puisque la matière couverte est assez large et que nos compatriotes ont pris plus d’un mois à en débattre, je pense ne pas pouvoir tout couvrir dans un article unique. Je me propose d’écrire un ou deux articles la semaine, couvrant chacun un aspect de ce discours. Je vais nommer la série « Soraya et les Concertations Nationales de 2013 ». Je ne veux pas être de mauvaise augure, mais je trouve prudent de d’identifier ces concertations-ci pour qu’elles ne soient pas confondues avec d’autres concertations qui pourraient venir. Aujourd’hui je donne une impression d’ensemble avant d’entrer dans le vif du sujet, point par point.

1. D’abord je tiens à souligner que j’ai toujours soutenu l’idée des concertations puisque c’est une démarche normale dans une situation de contestation des résultats électoraux (voir le point un du paragraphe "what to do" de cet article) mais je me suis inscrite en faux dès le mois d’avril 2013 quand il m’est apparu que ces concertations n’étaient pas nationales mais une sorte de caucus de la majorité présidentielle avec quelques invités de la société civile. Des concertations sans garanties réelles permettant à l’opposition civile et armée, et à toute une panoplie de parties prenantes de participer ouvertement et librement aux échanges, ne peuvent être qualifiées de nationales.

2. Ensuite je me pose la question sur la place des recommandations nationales vis-à-vis de la constitution et des lois existantes de notre pays. Pourquoi certaines recommandations des concertations sont anti constitutionnelles et restent adoptées par les plénières ? Quels intérêts visent-elles si elles ne s’alignent pas à la loi suprême votée à 80% par referendum ?

3. Ceci m’amène au troisième point : quelle est la légitimité de ces assises ? au nom de quoi une poignée d’individu convoqués par invitation, peuvent-ils décider pour tout un peuple, en marge des institutions établies ? Si la légitimité de ces institutions est remise en question alors la légitimité de Kabila lui-même en tant que Président est à remettre en question.

4. Je me pose aussi la question de l’ordre du jour. J’étais à Kinshasa en début Septembre et je sais que l’ordre du jour ainsi que les thématiques développées étaient préétablis. Qui a établi l’ordre du jour ? On sait tous que celui qui décide de l’ordre du jour contrôle les résultats.

5. Ceci est mon introduction à la série qui va suivre, je reviendrais souvent sur ces questions et à la fin de la série je ferais une synthèse d’ensemble. Le premier point de la série sera la critique analytique de l’idée d’un gouvernement d’union nationale. C’est une idée folle et absurde. Je vous dirais pourquoi.